Il y a quelques années, dans une école des États-Unis, une petite révolution a fait son apparition. Il y en a fréquemment, me direz-vous. Sans doute, mais celle-ci me fait plaisir et, jusqu’à un certain point, me redonne confiance en l’avenir de l’éducation.
Cette petite révolution est apparue lorsqu’un enseignant a mis en place une sorte de club de « petits débrouillards ». Ces quelques jeunes personnes se réunissent alors, après les heures de classe, pour mettre en action des projets qui leur sont chers. Jusqu’ici, rien de bien révolutionnaire… Mais lorsque cet enseignant entend les élèves annoncer qu’ils aimeraient suggérer des façons plus appropriées d’enseigner à leurs professeur(e)s, là ça devient intéressant!
C’est ce que Matt Homrich-Knieling relate dans son article à propos d’une expérience qu’il a mené avec des élèves de 7e année – l’équivalent du secondaire 1 au Québec -. D’autant qu’Homrich-Knieling était pour le moins blasé des ateliers de perfectionnement professionnel qu’il avait reçu depuis plusieurs années.
« Oftentimes, in traditional professional development sessions, students are talked about as an abstract while adults make guesses about what their students want and need in a learning community. Creating space and support for students to lead from their personal experiences and teach their teachers how to meet their needs radically disrupts that traditional PD dynamic. Students deserve a voice in their own education, and it’s beyond time that we honor that. » [notre emphase]
Homrich-Knieling a donc invité ses “jeunes profs” à préparer une séance de perfectionnement professionnel à l’ensemble des personnes enseignantes de l’école. Les deux principaux thèmes de leur atelier : le climat dans la classe et la confiance en eux des élèves. Ils ont convaincu la direction de leur réserver 30 minutes à la prochaine rencontre mensuelle de profs.
Le tout s’est réalisé avec un “professionnalisme” de la part des élèves qui ont planifié et transmis une séance instructive et réaliste. Ils ont débuté en demandant aux personnes enseignantes comment elles allaient (parce que les élèves aiment qu’on se soucie minimalement de comment ils/elles vont); ont proposé quelques mises en situations (des sketches à la fois humoristiques et satyriques) où les profs et les élèves interchangeaient de rôles; ont proposé aux profs des pistes de solutions pour faire en sorte que les élèves se sentent en confiance dans un bon climat de classe. Bref, ils ont joué la carte pédagogique et cela a porté fruit.
Tant les élèves participants que les profs ont avoué avoir noté des changements positifs dans la classe. Il y a dans cette expérience quelque chose de merveilleux : les personnes étudiantes finissent par devenir des expertes en pédagogie appliquée puisqu’elles la vivent au quotidien pendant des années. Elles accumulent des exemples et des contre-exemples que nous leur servons. De temps à autre, il est bon qu’un « plus petit que soi » vienne nous rappeler que nous sommes aussi grand que notre personne nous le permet.
Source: Homrich-Knieling, M., Tired of the Same Old Professional Development? Let Students Lead, EdSurge, 25 janvier 2023.
Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.