Recommandé à distance par mon collègue Marc Couture, cet article du Monde semble confirmer qu’un mouvement vers la pédagogie universitaire est bel est bien enclenché chez nos cousins d’outre-atlantique. Si Olivier Rollot rappelle le livre blanc des Grandes écoles dont vous parlions récemment, il insiste:
…[L]e mouvement n’est pas réservé à quelques universités et grandes écoles particulièrement motivées. Depuis la réforme des programmes du lycée en 2011, les approches ont changé également dans les classes préparatoires, en particulier en sciences avec la montée en puissance des pédagogies par compétences et de formes d’évaluation différentes (par exemple les « résolutions de problème »). « Nos professeurs s’appuient sur ces évolutions pour introduire des modes de travail collaboratifs : deux, trois élèves peuvent ainsi travailler ensemble et rendre un travail commun à la demande du professeur à qui il n’importe pas de savoir qui a fait ou trouvé quoi, mais bien plutôt d’avoir fait chercher et échanger ensemble », assure le proviseur du prestigieux lycée Louis-le-Grand de Paris, Jean Bastianelli. (Rollot, 2017)
Voici quelques facteurs mentionnés dans l’article.
- De l’argent est disponible, des nouveaux locaux et équipements sont accessibles: “300 millions d’euros vont ainsi être consacrés au développement des pédagogies dans l’enseignement supérieur dans le cadre des « Nouveaux cursus à l’université ». Les financements seront largement fléchés vers la question de la réussite en licence.” (Rollot, 2017).
- Les étudiants sont nombreux à entrer au supérieur, avec des profils disparates (350 000 nouveaux étudiants d’ici 10 ans).
- Les nouveaux étudiants veulent des formations numériques, ludiques et qui leur permettent d’apprendre à apprendre.
- Les étudiants demandent de plus en plus à ce que le travail qu’ils accomplissent ait du sens: « L’étudiant veut être acteur et constructeur de cours. Nous voulons ramener les outils de la formation continue dans la formation initiale pour mieux enseigner à la Génération Y…”).
- Il y a une réelle émulation internationale pour les questions de pédagogie : « L’accélération est mondiale avec des pays moteurs comme Singapour, la Finlande ou la Suisse qui font depuis longtemps de la recherche et du développement sur le système éducatif » (François Taddei, cité dans Rollot, 2017).
- On réfléchit à des façons de valoriser la part d’enseignement de la tâche professorale: “…L’idée de François Taddei de créer une « habilitation à enseigner » comme il y en a une à « diriger de la recherche » est excellente. Nous pourrions en tout cas expérimenter avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation un dispositif destiné à reconnaître le travail des professeurs innovants » (Jean-Christophe Hauguel, cité dans Rollot, 2017).
Source:
Rollot, Olivier, “Quand les nouvelles pédagogies bousculent l’enseignement supérieur“, blogue “Il y a une vie après le bac”, Le monde.fr, 17 juillet 2017