Plus l’on comprend comment fonctionne l’apprentissage grâce à l’apport des sciences cognitives, plus il est possible d’en tirer des leçons pour faciliter les études.
Ainsi Drake Baer du Business Insider souligne trois erreurs dans les manières d’apprendre “traditionnelles”, tirées du récent livre de Brown, Roediger et McDaniel intitulé Make It Stick: The Science Of Successful Learning (Belknap Press, 2014), soit la relecture des textes (pratiquée par 80 % des étudiants), le bourrage de crâne à la dernière minute (cramming) et l’appariement aux styles d’apprentissage.
Si notre collègue Éric Chamberland a longuement discuté des styles d’apprentissage dans le Perspectives SSF, l’idée que la relecture et le bourrage de crâne soient peu efficaces mérite qu’on s’y attarde un peu. D’après les auteurs, le fait de relire un texte à répétition ou d’amasser un grand nombre d’information en peu de temps donne une illusion de maîtrise. Mais maîtriser des textes n’est pas la même chose que de maîtriser les idées qui sous-tendent ces textes. Dans un autre article, Baer évoque différentes stratégies offertes par Brown, Roediger et McDaniel. De manière générale, il faut travailler dur pour retenir de nouvelles informations:
- La récupération de renseignements plutôt que le surlignage;
- L’élaboration ou le fait d’associer les nouvelles infos à ce que l’on sait déjà;
- L’entrelacement de différents sujets d’apprentissage;
- La génération de réponses avant que les solutions soient données;
- La réflexion sur son propre apprentissage, idéalement par écrit;
- Des mnémoniques pour faciliter la rétention d’information;
- La calibration à partir de rétroactions pour éviter les “illusions cognitives”.
De son côté, Linda Nilson de la Clemson University se base sur son livre Creating Self-Regulated Learning: Strategies for Strengthening Students’ Self-Awareness and Learning Skills (Stylus Publishing, 2013) pour offrir diverses questions visant à stimuler l’apprentissage autorégulé chez les étudiants:
- À quel point suis-je motivé face à cette tâche d’apprentissage et comment puis-je augmenter ma motivation au besoin?
- Si ma confiance en ma capacité d’apprendre ce matériel s’effrite, comment puis-je la retrouver sans devenir trop confiant?
- Est-ce que je résiste à apprendre des notions qui confrontent mes préconceptions?
- Comment est-ce que je réagis à ma propre évaluation de mes apprentissages?
- Comment puis-je créer le meilleur environnement libre de distractions afin de m’acquitter de cette tâche?
- Quelle est la meilleure façon d’accomplir cette tâche?
- Est-ce que mes stratégies d’apprentissage sont efficaces? Qu’est-ce que je devrais changer, le cas échéant?
- Qu’est-ce que j’ai encore de la difficulté à comprendre?
- De quoi est-ce que je peux me rappeler et qu’est-ce que je devrais réviser?
- Comment est-ce que ce matériel est connecter avec d’autres choses que j’ai déjà apprises ou expérimentées?
Par “apprentissage autorégulé”, Nilson entend quelque chose de plus large que la métacognition, soit la voix dans la tête qui se pose de telles questions à propos de la manière d’apprendre:
…[S]elf-regulated learning is the conscious planning, monitoring, evaluation, and ultimately control of one’s learning in order to maximize it. […] It means being mindful, intentional, reflective, introspective, self-aware, self-controlled, and self-disciplined about learning, and it leads to becoming self-directed. […]
Just the cognitive facet of it, metacognition, has an effect that’s almost as large as teacher clarity, getting feedback, and spaced practice and even larger than mastery learning, cooperative learning, time on task, and computer-assisted instruction (Hattie, 2009).
Self-regulated learning also has meta-emotional and environmental dimensions…
Sources:
Baer, Drake, « 3 Terrible Learning Habits You Probably Picked Up In School », Business Insider, 19 juin 2014.
Baer, Drake, « 7 Memory Skills That Will Make You Way Smarter », Business Insider, 18 juin 2014.
Nilson, Linda B., “The Secret of Self-Regulated Learning“, Faculty Focus, 16 juin 2014