Pédagogique Technologique

Learning analytics: potentiel et danger bien posés par la CNIL

Nous avons soulevé ce type de questions dans le passé, et elles ne s’en iront pas de sitôt…  L’équipe Innovation, études et prospective de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) française vient de publier fin juin un article qui démontre bien l’immense potentiel de l’analytique de l’apprentissage (Learning Analytics).  Notons l’idée de manuels qui « lisent » les apprenants alors même qu’ils sont lus

« Les méthodes du Learning Analytics et de l’Adaptive Learning promettent d’analyser et d’encadrer le les individus toujours plus finement. Invité du Congrès “Big Data & Learning Analytics“, le professeur Andreas Dengel (Centre allemand de recherche pour l’intelligence artificielle) travaille par exemple sur le projet Hypermind, un manuel scolaire « anticipatif », grâce auquel nos yeux seraient l’interface donnant à voir notre comportement cognitif (par des lunettes qui suivraient les mouvements oculaires). Si un passage est lu plus lentement, posant d’apparentes difficultés, le manuel serait en mesure de fournir des informations pour mieux expliquer le contenu, s’adaptant aux besoins subjectifs et aux compétences de chacun, dans un système où « l’apprenant lit le livre, et le livre lit l’apprenant ». Le fait de connaître le comportement de l’apprenant permettrait de proposer des étapes intermédiaires à ceux qui en ont besoin. Per Benjamin (Institut de Recherche de formation à distance et e-Learning), souhaite pour sa part utiliser les données des comportements d’apprentissage pour adapter de manière automatisée les contenus d’enseignements, du « sur mesure aux besoins de chacun ». (Chatellier, 2017)

Ce même article évoque de façon très pertinente les abus que l’accumulation de ce type de données pourrait entraîner.  On rappelle que la société américaine Coursera évaluait déjà en 2012 la possibilité d’utiliser les profils de ses apprenants pour les offrir à des employeurs potentiels (Atamani, 2016):

« Au-delà du recrutement, ces analyses de profils psychologiques pourraient également être utilisées pour déceler des comportements à risque, à la manière dont certaines assurances cherchent à se baser les profils psychologiques inférés de Facebook. En novembre 2016, la compagnie Admiral avait tenté d’établir (avant d’être bloqué par Facebook) des profils de jeunes conducteurs selon leurs comportements sur le réseau social, notamment leur manière de s’exprimer, afin de définir des profils de risque. Enfin, les plateformes pourraient chercher à revendre leurs données à des tiers à de fins marketing : en 2014, la société Inbloom avait contracté avec les écoles de neuf états américains pour collecter et analyser les données de leurs élèves, afin de tirer des conclusions quant à leurs performances académiques… » (Chatellier, 2017)

Sources:

Atmani, Mehdi, « Les MOOC, enjeux d’une bataille juridique sur les données personnelles », L’Hebdo14 avril 2016

Chatellier, Régis, « Learning Analytics : quelles sont les données du problème ? », LINC (Laboratoire d’innovation numérique de la CNIL), 27 juin 2017

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À propos de l'auteur

Jean-Sébastien Dubé

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