Robert Talbert, professeur au Département de mathématiques de la Grand Valley State University dans le Michigan, vient de publier dans la revue Edsurge «Flipped Learning Can Be a Key to Transforming Teaching and Learning Post-Pandemic», un billet d’opinion qui dresse le portrait d’une université qui tirerait leçon de ce qu’elle a vécu ces derniers mois.
Pour Talbert, le pire qui pourrait arriver au sortir de la pandémie serait un retour à la normale comme si nous n’avions rien appris de la crise sanitaire. Pourtant, les leçons à tirer sont nombreuses. De l’avis de Talbert, nous ne pouvons plus…
- tenir pour acquis le présentiel pour tous et en tout temps. Ceci est aussi vrai pour le monde du travail qui, après la pandémie, devra faire une juste place au télétravail.
- penser que l’enseignement magistral est suffisant ou acceptable. En pandémie, les apprenants ont eu leur dose de têtes parlantes et, au retour en classe, ils ne tolèreront sans doute plus ce type d’enseignement passif.
- reléguer à l’arrière-boutique la technologie. Elle est au coeur d’activités essentielles.
- ne penser l’évaluation que par le biais d’examens chronométrés. Ce type d’évaluation a démontré ses limites en enseignement à distance.
Pour comprendre l’importance des ajustements à faire, Talbert compare certaines prémisses des modèles de l’enseignement traditionnel et de l’approche inversée (flipped learning).
Enseignement traditionnel | Enseignement avec approche inversée |
est basé sur la rareté de l’information | suppose que l’information est abondante et en libre accès |
considère l’apprenant comme une ardoise vierge sans connaissances disciplinaires préalables | croit que l’apprenant arrive avec un bagage à parfaire qui forme le socle sur lequel bâtir les nouvelles connaissances |
considère la technologie comme périphérique | préconise un environnement flexible où la technologie est nécessaire |
encadre l’apprenant de façon telle qu’il a peu de prise sur le quoi, le comment et le quand il apprend | mise sur la capacité de l’apprenant à s’autoréguler et s’autoformer |
Paradoxalement, certains aspects de l’enseignement et de l’apprentissage n’ont pas changé et sont devenus criants de vérité avec la pandémie. Plus que jamais…
- nous savons que l’apprentissage ne se passe pas sans qu’il y ait de connexions entre les personnes et les idées.
- nous réalisons combien l’état d’esprit joue sur la capacité et la qualité de l’apprentissage.
- nous reconnaissons la nécessité pour les personnes, tant enseignantes qu’étudiantes, de pouvoir s’autoréguler et s’autoformer.
«In this moment in history, we have the opportunity to reshape higher education into something better for everyone, and we can honor the sacrifices we’ve had to make during the pandemic by choosing to do better. We can begin with our frameworks, and flipped learning is a good place to start.»
L’apprentissage inversé, selon Talbert, serait ainsi une réponse tout à fait adaptée à ce que la pandémie a mis en lumière.
Source – Talbert, Robert, «Flipped learning can be a key to transforming teaching and learning post-pandemic», Edsurge, 2 avril 2021.
Veilleuse pendant plus de 10 ans, mes recherches et sujets d'intérêt tournaient autour des multiples usages de la vidéo à des fins d'enseignement et d'apprentissage. Je resterai, même à la retraite, fidèle lectrice de ce blogue qu'est L'Éveilleur!