Le professeur Saul Carliner, qui enseigne en éducation à l’Université Concordia, a récemment fait paraître An Overview of Training and Development: Why Training Matters (Lakewood Media, 2019). Il s’intéresse à l’impact de la quatrième révolution industrielle sur l’emploi et la recherche d’emploi, sur les modes de certification alternatifs, y compris sur les processus de certification et de délivrance de titres de compétences, sur les processus et impacts de l’apprentissage informel, etc.
Il a rédigé différents articles pour le magazine web The Conversation où il réfléchit notamment sur l’importance d’expériences de travail pour la transition des études vers les milieux d’emploi, la pertinence de rémunérer tous les stages et les politiques qui devraient être mises en place pour favoriser la formation continue…
“[L]es stages permettent d’acquérir les connaissances cliniques ou pratiques qui assurent le transfert de leur apprentissage académique vers le vrai monde du travail. Un stage, c’est à la fois du travail et un apprentissage.” (Carliner, 2018)
Par exemple, dans un article paru début mars 2020, il précise la distinction entre stages, programmes d’apprentissage (plus fréquents en contexte de formation professionnelle que de parcours universitaire), enseignement coopératif et apprentissage par le service à la communauté. C’est, entre autres, l’occasion pour lui de distinguer lesquelles de ces formules sont rémunérés en crédits ou sous forme monétaire.
Par ailleurs, pour qu’ils sachent mieux tirer profit de l’apprentissage en milieu de travail, il recommande aux étudiantes et étudiants de :
- demander une rétroaction au superviseur […]. Ces commentaires permettent aux stagiaires d’obtenir de l’information importante sur leur rendement et sur les aspects qu’ils doivent améliorer.
- tenir un registre d’apprentissage (peu importe la forme) et tenter de tirer un avantage véritable de la rédaction des comptes rendus à produire dans le cadre de la formation. Quelles sont les leçons à tirer de cette expérience ? Quelles questions demeurent en suspens ? De quelle manière des situations similaires pourraient-elles être gérées à l’avenir ?
- lire la documentation spécialisée, telle que les nouvelles sur l’industrie, les revues et les journaux spécialisés dans leur discipline, étant donné que ces ressources clarifient les expériences vécues en milieu de travail et procurent une meilleure vue d’ensemble.
- maintenir un comportement exemplaire : les possibilités d’embauche sont réelles. Les stages, les programmes d’apprentissage et les initiatives d’enseignement coopératif permettent aux employeurs de mettre des candidats à l’essai avant de s’engager à plus long terme.” (Carliner, 2020)
Dans un article d’octobre 2019 (en pleine campagne électorale fédérale), il insiste sur l’importance de mieux encadrer la formation continue en milieu de travail pour la généraliser à tous les niveaux des entreprises (ce sont surtout les cadres qui en profitent) et de passer d’une “approche d’urgence à une approche préventive” dans la mise à jour des compétences des travailleurs (c.-à-d. ne pas les former seulement au moment où une usine ferme)…
“Une politique sur le marché du travail devrait porter sur le nombre d’heures de formation offerte par les employeurs, ainsi que sur la façon dont ces derniers, ainsi que les associations professionnelles ou les gouvernements, la reconnaissent et l’offrent de manière équitable.” (Carliner, 2019)
Il insiste également sur l’importance d’offrir des incitatifs aux travailleuses et travailleurs:
“Dans [une] étude du Conference Board [sur l’apprentissage informel en milieu de travail], 17,7 pour cent des travailleurs ont investi moins de 100 dollars par année dans leur formation continue et 23,8 pour cent ont dépensé entre 101 dollars et 250 dollars annuellement. De plus, 41,5 pour cent des travailleurs consacrent moins d’une heure par semaine à de nouveaux apprentissages. Ce n’est pas entièrement de leur faute. Certains employeurs découragent activement la formation en milieu de travail.” (Carliner, 2019)
Dans un article de 2018, il réagissait aux manifestations étudiantes réclamant la rémunération de tous les stages aux études, en suggérant aux manifestants de préciser leur cible:
“Le cœur du problème réside en une lacune du code du travail, qui permet des stages non rémunérés pour certains étudiants, mais pas pour d’autres. C’est cela que les étudiants devraient cibler.
Légal ou pas, la pratique des stages non rémunérées continuera tant que dureront les barrières au premier emploi et que les employeurs pourront ainsi profiter d’une main d’oeuvre gratuite.” (Carliner, 2018)
Un auteur à suivre, assurément.
Sources:
Carliner, Saul, « Des bancs d’école au marché du travail: comment favoriser la transition », La Conversation, 2 mars 2020
Carliner, Saul, “Le marché du travail change. Voici comment les politiciens peuvent aider les employés à rester dans le coup“, 16 octobre 2019
Carliner, Saul, “Faut-il rémunérer les stages étudiants?“, La Conversation, 6 décembre 2020