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Répondre aux besoins de formation de la société « post-générationnelle »

Entrevue du Inside Higher Ed avec Mauro Guillén, professeur de sociologie et d’économie politique à la University of Pennsylvania, en marge de la sortie de son livre The Perennials: The Megatrends Creating A Postgenerational Society (MacMillan, 2023).  Il y explique que le prolongement de la vie des individus et l’obsolescence des compétences amenée par le développement technologique créent des conditions idéales pour la formation tout au long de la vie.  D’après lui, la segmentation de la vie en phases distinctes de jeu (petite enfance), d’école (enfance, adolescence), de travail (âge adulte) et de retraite (sénescence) serait sur le point de disparaître, donnant lieu à ce qu’il appelle une société « post-générationnelle »:

« …[D]epuis 140 ans, on nous dit qu’il n’y a que quelques années dans notre vie pendant lesquelles nous sommes censés apprendre – quand nous sommes jeunes. Ensuite, on est censé travailler. La plupart des Américains ont un travail qu’ils détestent, mais on nous dit néanmoins : “Continuez à travailler parce que vous devez gagner de l’argent. Et économisez de l’argent, car vous aurez votre récompense à la fin, au moment de la retraite.” Ce modèle est en totale contradiction avec la nature humaine, car nous sommes des apprenants par définition. » (traduit avec Deepl.com)

Lorsque le journaliste lui demande dans combien de temps ce changement surviendra, il a cette longue réponse où il compare l’offre de formation des universités à celle des plateformes de formation en ligne:

« Nous n’aurons pas à attendre des décennies; probablement pas plus de 10 à 15 ans. Certaines organisations évoluent très rapidement, d’autres très lentement, en particulier les universités comme la mienne, l’Université de Pennsylvanie, où nous continuons à faire ce que les universités font depuis très longtemps : Tout d’abord, nous classons les gens par groupes d’âge, puis nous leur proposons différents types de diplômes. Nous avons des étudiants de premier cycle, des étudiants de cycles supérieurs, des cadres en exercices, etc.

Les plateformes numériques [Coursera, EdX, LinkedIn Learning] font le contraire. Elles ne classent pas les gens par tranches d’âge. Elles rassemblent des apprenants à différents stades de leur vie sur la même plateforme, et ils apprennent ensemble. Ainsi, certaines organisations évoluent très rapidement vers l’avenir que j’imagine, tandis que d’autres avancent plus lentement. Il en va de même pour les entreprises. Certaines entreprises plus jeunes, en particulier les entreprises technologiques, disent déjà à leurs employés : “Vous devez apprendre tout au long de votre vie”. D’autres entreprises plus établies, les grandes entreprises, commencent à chercher des moyens de se débarrasser d’un employé dès qu’il atteint l’âge de 50 ans. Les organisations qui évoluent rapidement seront les pionnières dans ce domaine. » (traduit avec Deepl.com, puis ajusté)

Plus loin dans le texte, il insiste sur l’obsolescence des connaissances et le fait que l’offre universitaire – prévue pour des connaissances qui changent peu – ne répond plus aux besoins de formation tout au long de la vie:

« De nos jours, les entreprises s’efforcent de rester compétitives dans l’économie du savoir. Il est essentiel d’avoir des employés qui sont vraiment, vraiment bons dans ce qu’ils font. Mais on ne peut pas espérer qu’ils apprennent tout ce dont ils auront besoin pour le reste de leur vie à l’âge de 25 ans. C’est pourquoi les entreprises exigent également de leurs employés cette nouvelle flexibilité et cette capacité d’adaptation. Sauf que la plupart des grands établissements d’enseignement ne proposent pas de solutions à ce problème. Ce sont surtout les plateformes numériques qui offrent ce type d’apprentissage tout au long de la vie, par opposition au format traditionnel.

[…] Le problème fondamental du système éducatif actuel est que nous enseignons aux élèves d’aujourd’hui les compétences dont nous pensons qu’ils auront besoin au cours des 40 prochaines années. Cela ne poserait pas de problème si rien ne changeait. Mais lorsque nous savons que les choses changent d’un jour à l’autre, comment pouvons-nous élaborer un programme d’études pour les 40 prochaines années ? Nous avons besoin d’un système éducatif et d’un programme d’études beaucoup plus flexibles, un programme d’études qui évolue essentiellement en temps réel.

Nous avons besoin de plus d’immersion, de plus d’apprentissage par l’expérience… » (traduit avec Deepl.com, puis ajusté)

Source: Lederman, Doug (20 mars 2024), « How a ‘Post-Generational Society’ Might Reshape Higher Ed: Key Podcast », Inside Higher Ed, Washington, DC.

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Jean-Sébastien Dubé

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