Texte provocateur d’Emmanuelle Duez, fondatrice de The Boson Project – Women’Up [une jeune firme française de consultants en ressources humaines]. En plus d’annoncer aux dirigeants d’entreprises boomers que les Y et leurs demandes de flexibilité ne s’en iront pas, elle prévient que les Z – la génération des moins de 20 ans – va dans le même sens, au cube! Elle se base sur La Grande InvaZion (36 p.), une étude réalisée auprès de 3200 jeunes de 15 à 20 ans pour The Boson Project et la Banque BNP Paribas.
Les Z semblent en général se méfier de l’entreprise à laquelle ils associent des mots comme “dure”, “compliquée”, “impitoyable”, “fermée”, “une jungle”, etc. C’est sans doute ce qui amène 47 % d’entre eux à souhaiter devenir leur propre patron. Voici quelques valeurs que les Z aimeraient voir fleurir en entreprise:
- le plaisir, l’épanouissement: “À salaire égal, 25 % choisiraient l’entreprise la plus “fun”.
- l’éthique: “Des politiques de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) qui vont devenir un vrai atout de marque employeur, voire une condition sine qua non.”
- la variété: “Leurs exigences en matière de mobilité seront exacerbées : une mobilité davantage géographique et horizontale que verticale. “
- l’humain: “Le bon patron doit être accessible, responsabilisant et entreprenant, mais ne tirera sa légitimé ni de son autorité (22 %) ni de ses diplômes (3%)”
- l’agilité, l’innovation: “…[S]tructures plus “flat”, moins complexes, plus souples ; par plus flexibilité tant en matière d’horaires, de rythme, de lieu de travail que de codes; et, enfin, par plus d’ouverture : à la nouveauté, à la différence, incarnée notamment par les plus jeunes, à d’autres écosystèmes.”
Ce qui fait dire à Emmanuelle Duez:
“…Avant, c’était l’entreprise qui faisait l’honneur à un collaborateur de lui donner un travail. Puis les Y sont arrivés sur leurs grands chevaux, avec une externalisation de leur cerveau dans leur poche de jean et cette quête de sens chevillée au corps. Le rapport de collaboration s’est substitué au sacro saint rapport de subordination, et le futur collaborateur s’inscrit désormais dans une relation donnant/donnant : « montre moi un peu ce que tu peux me donner, je te dirai si je veux m’engager ». Les Z transforment l’essai : ce seront eux qui, demain, feront l’honneur à une ou plusieurs entreprises de mettre à disposition leurs talents et leurs compétences. Changement de paradigme. Ils deviennent leurs propres centres d’emploi. Et sachez, chers lecteurs, que pour la 1ère fois, le nombre de freelance aux USA est supérieur au nombre de CDI… [i.e. contrat à durée indéterminée]” (Duez, 2015, notre emphase)
Dans le même ordre d’idée, les conclusions pour les institutions de formation sont plutôt troublantes:
“…Cette jeune génération est très consciente du fait qu’elle exercera, en moyenne, 13 métiers différents dans sa vie. D’ailleurs, à la question « tu feras combien de jobs ?», elle répond souvent « l’infini ». Elle sait également qu’une grande partie des métiers qui existeront dans 5 ans, n’existent pas encore. Alors, pragmatique, lucide, elle remet en cause l’école comme tampon indélébile qui marque à vie une expertise, dans un monde régi par l’obsolescence des compétences, où il faudra sans cesse se re-updater [sic]. De qui apprendras-tu demain ?’ De moi-même, en premier lieu. De l’entreprise, dans un second temps. Ou de l’école, à seulement 7%. Si la génération Y est entrepreneur de sa vie professionnelle, la génération Z sera entrepreneur de sa formation.” (Duez, 2015, notre emphase)
“Les Z questionnent aussi le monde de l’éducation. Pragmatiques, courageux, ils remettent en cause l’importance du diplôme etsavent qu’ils devront être dans “l’auto-apprentissage permanent”. 40 % citent le “bon réseau” comme la clé de la réussite, et plus ils ont été en contact avec l’entreprise, plus ce chiffre est fort, loin devant le fait d’avoir un bon diplôme ou un bon CV. Le diplôme n’est plus le gage de réussite professionnelle.
Conscients de l’obsolescence des connaissances, de l’obsolescence du modèle top-down académique, conscients que les métiers de demain n’existent pas aujourd’hui… 7,5 % répondent “l’école” à la question “Quelles seront les sources d’apprentissage dans dix ans ?” L’école est un canal parmi d’autres, la génération Z sera une génération “autodidacte”, d’entrepreneurs s’étant formés eux mêmes et qui devront constituer leur propre bibliothèque de savoirs” (Urmès, 2015, notre emphase)
Source:
Duez, Emmanuelle, “Comment les générations Y et Z voient le monde de l’entreprise“, Challenges.fr, 16 septembre 2015
Urmès, Marianne, “LA GÉNÉRATION Z VA RÉINVENTER LE MONDE DU TRAVAIL“, Espaces 324, mai-juin 2015, pp. 60-63 [document PDF]
Dans le même ordre d’idée, Benjamin Chaminade, sur le site Générations Y et Z au travail, précise que la génération Z serait plus sélective qu’excessive; plus créative qu’elle ne copie; plus attirée par l’image que par le texte, par l’action que par la contemplation, par les leaders que par les célébrités… Avec en conclusion, une infographie révélatrice des changements qui semblent être en train de s’opérer chez la nouvelle génération.
http://www.generationy20.com/les-differences-culturelles-entre-generation-y-et-generation-z