Suggéré par Sonia Morin. Un article du Times Higher Ed où Viktor Mayer-Schönberger, professeur en gouvernance et régulation d’Internet à l’Internet Institute de l’Université d’Oxford, s’inquiète du recours croissant aux données massives et à l’analytique de l’apprentissage (Learning Analytics) par les universités. Il croit que la confiance en ces technologies pourrait finir par limiter les choix de cours ou les choix disciplinaires des étudiants.
“There has been much debate over last 30 years about streaming and tracking students from elementary school, and putting them on a particular track based on their successes and failures in particular standardised tests”. […]
“Until the beginning of the big data age, a student could write in his or her application…an argument outlining why the data might not be complete enough, and might not give a comprehensive prediction,” he said.
“I fear that as we move into the big data age…this argument will not hold much currency any more. Then I worry that the predictions will take over, and schools, universities and college swill not take any risks any more.”
“People get infatuated with data, and give it a lot of clout even though there are limitations with it,” »
Pour le professeur Mayer-Schönberger, ces tests ne prennent qu’un instantané des aptitudes d’un étudiant à un moment dans le temps, sans tenir compte de son évolution. Toutefois, la multitude de données recueillies par les environnements d’apprentissage modernes pourraient donner l’impression d’une plus grande fiabilité, voire d’une plus grande exactitude, dans les prédictions vocationnelles faites aux étudiants. De fait, une des possibilités qu’offre l’analytique de l’apprentissage, c’est d’en utiliser les résultats pour recommander aux étudiants le meilleur parcours académique selon leurs forces. De la suggestion à la contrainte, il n’y a parfois qu’un petit pas… surtout quant on rejette l’échec et valorise la diplomation à tout prix.
Cette préoccupation s’inscrit dans la foulée de plusieurs articles que j’ai rédigés autour des craintes que soulèvent ces technologies lorsqu’on évoque leur potentiel à dicter les comportements humains, plutôt que de simplement en témoigner:
- « La face obscure de l’exploration des données étudiantes », 3 octobre 2011
- « Les Learning Analytics pour s’assurer du succès étudiant… à tout prix ? », 28 octobre 2011
- « Les Learning Analytics pour choisir un domaine d’études, une institution, un coéquipier », 12 décembre 2011
- « Une vie universitaire sans inconnu grâce à vos données scolaires », 19 juillet 2012
Source: Parr, Chris, « ‘Big data’ could create ‘dystopian future’ for students », Times Higher Education, 28 décembre 2013
J’ai lu un article récemment en lien avec cette problématique, mais en poussant encore plus loin la chose: la compagnie IBM prévoit la mise en chantier de systèmes automatisant complètement le processus. À voir si c’est réaliste…
http://www.dontwasteyourtime.co.uk/elearning/the-classroom-will-learn-you/.