Le phénomène d’inverser une partie ou la totalité de son cours (communément appelé classe inversée) a certes pris de l’ampleur dans le milieu de l’enseignement supérieur depuis son avènement au début des années 2000. Nous avons d’ailleurs publié plusieurs dépêches à ce propos.
Rappelons que, pour inverser sa classe, un enseignant propose à ses étudiants de consulter les notions théoriques du cours en dehors des heures de classe à partir de diverses ressources écrites, audio, vidéo ou WEB. Les périodes de classe sont utilisées pour les discussions, les analyses et les exercices pratiques.
La récente expérience qu’a menée la professeure Dorina Gnaur avec ses étudiants lui a permis de vérifier les principales éloges et mises en garde concernant la classe inversée. Ce qui se dégage toutefois du résumé de sa conférence, prononcée en janvier 2019, c’est l’effet que son expérience a eu sur le design pédagogique de son cours et, plus particulièrement, l’effet qu’a eu son expérience sur ses propres habiletés à gérer le changement de paradigme de l’enseignant pourvoyeur du savoir.
Using technology to enhance learning requires a more radical redesign of the teaching and learning experience, which takes advantage of the technological affordances for creating hybrid, flexible learning and enabling new ways of knowing, working and becoming within and across various disciplinary and professional fields.
À partir des efforts qu’elle a déployés (entre autres, avec la production d’une trentaine de clips vidéos) et des résultats de ses étudiants, la professeure Gnaur tire quelques leçons qui la laissent songeuse quant à l’utilité ou à la futilité de cette formule pédagogique.
- Les étudiants considèrent les clips vidéos du prof comme du matériel supplémentaire et non comme une base documentaire à laquelle se référer pour maîtriser le contenu du cours.
- Certains étudiants demandent plutôt des vidéos où l’enseignant fait état de remarques, de mises en garde ou d’interprétations par rapport au contenu du cours plutôt qu’une stricte présentation de type magistral.
- Les étudiants, se voyant chargés d’une tâche supplémentaire hors cours, prennent l’habitude de survoler les ressources en ligne et de relancer le professeur en face à face… pour qu’il couvre la matière.
- Elle a mis beaucoup d’efforts dans la version inversée de son cours pour se rendre compte que les habiletés supérieures qu’elle souhaitaient voir émerger chez ses étudiants lors des rencontres en classe n’étaient finalement pas au rendez-vous.
La professeure Gnaur conclut positivement le récit de son expérience : ce fut donc une expérience plus utile que futile tant pour elle que pour ses étudiants. Elle mentionne qu’elle envisage de corriger sa façon de planifier son enseignement afin de faire preuve de plus de souplesse face aux nouvelles réalités numériques de l’enseignement. Elle considère maintenant la classe inversée comme l’une des stratégies qu’un enseignement en mode hybride pourrait inclure.
Fluid, rather than flipped classroom could turn the effort of producing static digitized teaching material into a variety of agile elements, with the academic teacher as a learning designer, aware of the need for critical pedagogical assessment (…)
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Source: Gnaur D dg@learning. aau. d. Flipped Classroom: A Renewal Opportunity or a Pedagogical Cul-De-Sac? Proceedings of the European Conference on e-Learning. January 2019:176-184. doi:10.34190/EEL.19.137.
Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.