Pendant mon congé, j’ai pris connaissance de la production de l’ONF Ma tribu c’est ma vie de Myriam Verrault et d’Alex Leduc (Atelier 288), une « oeuvre documentaire interactive qui interroge les répercussions d’Internet sur les relations interpersonnelles et la construction de l’identité à travers le regard de huit jeunes fans de musique » (producteur: Hughes Sweeney). Certains chroniqueurs médias ont d’ailleurs souligné l’intérêt du document. Pour Fabien Deglise, il s’agirait d’ « une autopsie fascinante d’une génération dont la solitude, la différence, les questionnements identitaires, les essais et les erreurs se sont mis eux aussi à l’heure du 2.0, ce Web que l’on dit participatif. »
Aussi d’intérêt, l’originalité de la « démarche » des créateurs (voir l’onglet du même nom au bas à gauche de l’écran d’accueil du site). À Fabien Deglise, Myriam Verrault confiera: « Le but était de sortir de la théorie pour donner la parole aux gens qui baignent dans cette technologie, qui l’utilisent, sans prendre du recul sur cette utilisation…» Par ailleurs, la section « Phénomène » comporte une cartographie très complète et fort bien documentée des rapports entre technologie (notamment les réseaux sociaux) et musique. Une des conclusions de la réalisatrice (qui préfère cependant davantage poser des questions que d’apporter des réponses): « Le web n’isole pas davantage, mais il ne nous rend pas plus sociable. Ce n’est qu’un amplificateur de personnalité. » [mon emphase]
Si les questions que ce documentaire web pose sont certainement d’intérêt pour mieux comprendre la génération C, personnellement c’est le format de l’objet “webdoc” qui m’a le plus interpellé. À la fois site Web, films, questionnaire sur les réseaux sociaux, jukebox regroupant les « playlists » des jeunes interviewés, agora de discussion, expérience interactive et ludique pour l’internaute qui est donc ramené à sa propre consommation Web, etc. Elle donne un aperçu de jusqu’où l’on peut aller dans l’exploitation de divers documents numériques mis ensemble pour rendre du contenu extrêmement riche… et engageant. Ça donne aussi une idée du genre de contenu qui est susceptible d’intéresser les jeunes de la génération sous la loupe des créateurs.
Décidément, construire du « contenu de cours » de qualité n’aura jamais été si exigeant…
Sources:
Desjardins, Gina, « Les tribus virtuelles de la génération C », blogue Triplex – Radio-Canada.ca, 10 février 2011
Deglise, Fabien, « Une Web-anthopologie de la génération C », Le Devoir, 10 février 2011
Entrevue avec Myriam Verrault à l’émission Desautels, Radio-Canada.ca, 9 février 2011