Au cours des dernières années, l’éventail des plateformes et technologies mises à la disposition des usagers et usagères dans les universités s’est considérablement élargi. Parallèlement à la croissance rapide des programmes d’études qui les exploitent, des institutions se sont intéressées à comment les personnes étudiantes interagissent avec ces technologies et l’impact qu’elles ont sur leurs apprentissages.
Comment peut-on donner un sens aux traces numériques que les utilisatrices et les utilisateurs laissent derrière eux lorsqu’ils interagissent avec les technologies? L’analytique des apprentissages est venu encourager le développement d’outils qui permettent de visualiser et d’analyser plus efficacement ces interactions et de mieux comprendre comment adapter des services de soutien aux besoins. D’après Swinnerton et Pickering, respectivement chercheur et professeur à l’Université de Leeds, cette analyse pose toutefois plusieurs défis et exige que l’on puisse fournir des réponses aux questions suivantes:
Pourquoi devrions-nous collecter des données sur les personnes étudiantes ?
Les établissements cherchent à mieux comprendre l’activité des personnes étudiants, à savoir qui accède à quoi et à quelle fréquence ces interactions se produisent. Ces données peuvent fournir une multitude d’informations permettant de connaître le niveau d’activité des étudiantes et étudiants lorsqu’ils interagissent avec les systèmes liés à leur programme d’études. Elles peuvent également signaler des changements qui doivent être faits pour fournir des informations significatives et nuancées aux étudiants. De plus, les données fournissent des informations pour mieux comprendre les résultats des évaluations, expliquer les écarts de réussite de façon à améliorer la conception pédagogique et investir les ressources là où les données le justifie.
Les personnes étudiantes sont généralement favorables à la collecte et à l’utilisation de ces données par les établissements, à condition qu’elles soient effectuées dans le cadre d’un objectif clairement explicité visant à les assister et à tirer le meilleur parti de leur séjour à l’université, dans le respect des questions éthiques et de confidentialité.
Comment recueillir des données de façon sécuritaire ?
Les données doivent être collectées et stockées de manière transparente et éthique. Lorsque ces données doivent être partagées, il est nécessaire d’obtenir préalablement le consentement des usagers. La collecte et le stockage des données sont normalement coordonnés par le service informatique de l’établissement, en fonction des politiques de sécurité en vigueur. Vue la sensibilité du sujet, la mise sur pied d’une équipe chargée d’examiner les aspects éthiques de la manipulation et de l’accès aux données au sein d’une institution est fortement recommandée.
Comment garantir la transparence ?
Il est essentiel que toutes les parties prenantes soient impliquées dans le processus d’approbation des méthodes de collecte, d’analyse et d’utilisation des données. Pour garantir la transparence sur les questions relatives à l’éthique et à la vie privée, l’institution doit expliciter :
- La raison d’être de la collecte des données;
- Quelles données sont collectées;
- Comment les données seront utilisées;
- Avec qui les données seront partagées;
- Comment le consentement est obtenu.
Ces décisions doivent être prises en partenariat avec les associations étudiantes. Les informations en lien avec ces décisions doivent être communiquées aux parties prenantes. Les auteurs suggèrent de développer un code de pratique afin d’articuler clairement les principes qui guident l’approche éthique et transparente de la collecte, de l’analyse et de l’utilisation des données.
Comment traiter et utiliser efficacement les données ?
La diffusion des données aux parties prenantes doit être soigneusement étudiée. Les utilisateurs doivent être formées afin qu’ils comprennent non seulement la fonction des outils de visualisation des données et des tableaux de bord, mais aussi la signification sous-jacente pour les étudiants et les programmes d’études individuels. Il est important que tous les utilisateurs soient conscients des limites des données analysées et comprennent qu’elles ne représentent qu’une partie des interactions entre les étudiants et leur programme. L’apprentissage s’effectue de différentes façons et les systèmes ne peuvent en saisir qu’une petite portion: il ne s’agit pas de rejeter la valeur de ces systèmes, mais de s’assurer que les analyses qui sont menées le sont en connaissance de cause.
Swinnerton et Pickering encouragent les établissements à inviter les parties prenantes à participer activement à l’effort de compréhension des données disponibles et à présenter leur point de vue sur comment ces informations pourraient être utilisées pour améliorer la réussite des personnes étudiantes.
Source: Swinnerton, Bronwen et Pickering, James. Secure and transparent use of student data. Times Higher Education, 6 mai 2021.