En cette journée anniversaire de l’attaque du Hamas sur Israël qui a embrasé le Moyen-Orient, le professeur d’histoire Steven Mintz de l’Université du Texas à Austin plaide pour que les études universitaires permettent aux personnes étudiantes de déconstruire l’hyperréalité médiatique qui leur est présentée quotidiennement. Dans le texte « Helping Students Navigate a Maze of Simulacra », il rappelle que plusieurs intellectuels comme Baudrillard, Arendt, Debord, Lyotard, Zizek ou Sontag ont critiqué le fait que le spectacle de la guerre, de la politique et des questions sociales présenté par les médias transforme ces dernières en représentations abstraites détachées des conséquences bien réelles de la violence et du pouvoir.
Après un court rappel historique de l’avènement des médias de masse et de la publicité, en passant par l’Internet et culminant avec l’élection américaine de 2016, l’ère des vérités alternatives et des vidéos hypertruquées (deepfakes) grâce à l’IAg, il réclame des cours avancés de littératie médiatique: « Il ne s’agit pas seulement d’identifier les préjugés, mais aussi d’analyser la manière dont les médias construisent la réalité. En examinant la manipulation des images, le cadrage des informations et les récits de divertissement, les personnes étudiantes peuvent s’interroger sur les motivations qui sous-tendent les médias qu’ils consomment. Les cours d’éducation aux médias devraient se concentrer sur le décodage du sensationnalisme dans les cycles d’information et sur l’impact des algorithmes des médias sociaux, en encourageant la consommation critique et la création de médias. » (traduit avec DeepL.com)
Au-delà de la littératie médiatique souvent revendiquée ces dernières années par de nombreuses personnes enseignantes, Mintz propose un véritable programme où seraient convoqués l’histoire, l’épistémologie, la sociologie et la psychologie, les habiletés de recherche et de vérifications des faits, la réflexion éthique sur les biais et le journalisme, l’étude littéraire d’ouvrages comme 1984 ou La servante écarlate, des études de cas (par exemple, sur la recherche « d’armes de destruction massive » pendant la guerre en Irak) et l’apprentissage du débat structuré et du dialogue socratique. « En fin de compte, [explique-t-il] les établissements d’enseignement supérieur doivent favoriser un équilibre entre la curiosité et le scepticisme. Encourager les [personnes] étudiant[e]s à remettre en question les récits qu'[elles] rencontrent favorise la recherche indépendante, les aide à déconstruire les simulacres qui dominent la vie moderne et à faire la distinction entre les expériences authentiques et les mythes construits. » (traduit avec DeepL.com)
Sa conclusion me semble un appel qui résonne de plus en plus fort…
« À l’ère de l’hyperréalité, où la vérité est de plus en plus façonnée par les mythes véhiculés par les médias, les établissements d’enseignement supérieur ont la responsabilité de préparer les [personnes] étudiant[e]s à s’engager de manière critique dans le monde. En intégrant l’éducation aux médias, la recherche philosophique et la réflexion éthique dans le programme d’études, nous pouvons fournir aux [personnes] étudiant[e]s les outils dont [elles] ont besoin pour discerner la réalité de l’illusion, en leur donnant les moyens de remettre en question les mythes qui façonnent notre réalité commune. » (Mintz, 2024, traduit avec DeepL.com)
Source: Mintz, Steven, « Helping Students Navigate a Maze of Simulacra », Inside Higher Ed, 7 octobre 2024