Qu’il s’agisse d’évaluations de l’enseignement très dures ou de commentaires négatifs de pairs suite à l’évaluation d’un article scientifique, la vie universitaire nécessite de se “faire une carapace”. Professeurs, chargés de cours et étudiants aux cycles supérieurs doivent développer des savoir-être leur permettant de faire face à la critique, tout y trouvant des occasions de s’améliorer.
Une des avenues proposées par Sanscartier et Johnston – des doctorants qui offrent un atelier sur le sujet à l’Université Carleton – est de partager avec des collègues dans un environnement d’ouverture. “L’atelier était conçu pour inciter les étudiants à réfléchir aux manières d’utiliser la critique et le rejet du milieu universitaire comme une motivation à réussir...” [notre emphase]:
“…[I]l est tout à fait correct de parler à des pairs dignes de confiance des critiques qui nous sont adressées. Les professeurs aussi devraient prendre l’initiative de créer de tels lieux de soutien, car ils peuvent nous aider en parlant ouvertement de la manière dont ils ont su transformer le rejet en réussite, et nous guider au pays de la critique.”
Les auteurs estiment justement que les professeurs doivent préparer les étudiants aux cycles supérieurs à recevoir les critiques: “Cet aspect est tout particulièrement important pour les étudiants qui commencent des études supérieures et qui n’ont probablement reçu auparavant que de brefs commentaires écrits dans la marge de leurs travaux. Le plus difficile lorsqu’on reçoit une critique directe pour la première fois, c’est de ne pas y être préparé.”
De même, Maryellen Weimer invite les enseignants à d’abord se demander s’ils réagissent de façon excessive à de mauvaises évaluations de la part des étudiants:
“How do you know if you are over-reacting? You’re fixated on the negative comments. There may be only three stinkers, never mind there are 34 positive comments, it’s those three negative ones that run around in your mind on a seemingly endless track. And your thinking is colored with emotion, feelings bubble up and around as you consider and reconsider the comments. There’s hurt, frustration, anger, confusion, dismay, doubt—not the kind of emotions that fill you with hope and joy. After a while, the rationalizations start… ” [emphase dans le texte original]
Si c’est le cas, elle propose plusieurs étapes pour dédramatiser la situation:
- Prendre du recul: allez faire autre chose pour un temps; se changer les idées…
- Retourner aux commentaires, mais avec objectivité: combien y’en a-t-il vraiment? Enlever le langage émotif des commentaires pour percevoir le message sous-jacent, etc.
- Décider quoi faire avec ces commentaires: parfois la réponse est simplement “rien du tout”, mais parfois il est possible d’aller chercher davantage d’information et de s’en servir pour améliorer son cours.
- En discuter avec un collègue de confiance: oui pour ventiler, mais surtout pour obtenir une autre perspective.
- En parler avec quelques étudiants choisis: évidemment, des étudiants que l’on connaît bien et qui nous respecte… “Students are good at clarifying what other students mean.“
- Se rappeler que l’on est pas seul: TOUS les enseignants ont reçu de tels commentaires d’étudiants insatisfaits.
Il nous apparaît que la plupart des commentaires négatifs peuvent servir à devenir meilleur… pourvu qu’on arrive à s’en servir positivement (et parfois ça demande beaucoup de flegme et d’imagination, avouons-le…).
Sources:
Sanscartier, Matthew, et Matthew Johnston, “Comment tirer parti de la critique universitaire; transformer le rejet en réussite”, Affaires universitaires, 4 juin 2018
Weimer, Maryellen, “What to Do About Those Negative Comments on Course Evaluations“, Faculty Focus, 30 mai 2018