Article relayé par notre collègue Joey Thibault. Dans le numéro de L’actualité de novembre 2020, Maxime Johnson, journaliste indépendant spécialisé dans l’analyse des nouvelles technologies, explique l’importance de former les citoyens québécois aux compétences numériques, en donnant l’exemple des récents développements autour de l’utilisation d’applications de traçage dans la lutte au coronavirus:
“Le manque de compétences numériques nuit aux Québécois dans toutes les sphères de leur vie. Il suffit pour s’en convaincre de constater les difficultés qu’ont les gens à gérer leurs mots de passe en ligne et les succès qu’accumulent les escrocs par courriel. Comment expliquer autrement les fortunes qu’amassent encore les « princes nigériens » en offrant leur héritage à qui veut bien ouvrir leurs pourriels ? Cette arnaque sévissait déjà dans les années 1990.”
D’après lui, “[c]e manque de compétences va cependant au-delà du risque de fraude. Il limite désormais le débat public sur des questions importantes”, ce qui l’amène à penser qu’il est devenu urgent de “doter le Québec d’un plan de littératie numérique” [notre emphase].
Il estime que “[l]es adultes de demain seront […] mieux outillés que ceux d’aujourd’hui, mais cela ne suffit pas. Il faut généraliser et systématiser cet enseignement de la « citoyenneté à l’ère du numérique », afin que tous y aient accès”. Je salue son optimisme quant au fait que la jeunesse soit mieux formée grâce aux nombreuses ressources disponibles, mais j’ai de la difficulté à le partager. Je continue à croire que le développement de compétences numériques – au-delà des habiletés techniques – reste un angle mort dans la façon dont nous éduquons les citoyennes et citoyens de l’avenir. La question de l’accès à de telles formations reste fondamentale.
M. Johnson évoque enfin le rôle des médias, remarquant qu’il devrait y avoir des campagnes d’information aussi importantes à propos de la littératie numérique qu’à propos des finances personnelles. “Des chercheurs, des journalistes, des éducateurs, des politiciens et des technologues devraient se rassembler pour imaginer et mettre en œuvre un équivalent technologique de ces campagnes”, croit-il.
Il conclut en rappelant que “[l]es débats comme celui qui entoure les applis de traçage seront de plus en plus fréquents au cours des prochaines années. Il faudra bien être capable d’en discuter en toute connaissance de cause.” En pensant à l’intelligence artificielle, à l’utilisation des données personnelles, à l’automatisation des véhicules, à la rémunération/ compensation des créateurs, etc.., je ne peux qu’applaudir et souhaiter que davantage d’observateurs de notre société unissent leurs voix à la sienne jusqu’à ce que des politiciennes et politiciens en fassent une priorité.
Source: Johnson, Maxime, « À quand un plan de littératie numérique ? », L’actualité, 4 novembre 2020