Nous avons traité des MOOC, des badges, des portfolios numériques. Voilà que ces diverses technologies se combinent en une tendance de plus en plus lourde. Alors que les articles sur les modes de certification alternatifs se multiplient, le Chronicle of Higher Education consacre un dossier complet à cette question dans son numéro du 14 septembre 2015. Rappelons les raisons de cet engouement:
- Le coût des études aux États-Unis ne diminue pas et le retour sur l’investissement n’est pas toujours au rendez-vous, dans un pays où la pression pour augmenter le nombre de diplômés aptes au travail est importante.
- Le développement de programmes axés sur l’acquisition de seuils de compétences (competency-based learning).
- Les employeurs continuent à se plaindre d’un “déficit de compétences” (skills gap) chez les jeunes diplômés. Notamment, les diplômes donnent peu d’information sur les “soft skills” essentiels au monde du travail.
- Un engouement pour les badges et les portfolios électroniques qui permettent à certains employeurs de déterminer de manière plus fine si un candidat répond à leurs besoins.
- Des fournisseurs tiers offrent de plus en plus de formations adaptées aux besoins des employeurs, allant jusqu’à développer des formations répondant aux besoins spécifiques d’entreprises majeures (Google, AT&T, Facebook, etc.)
Quant au dossier lui-même, il est malheureusement réservé aux abonnés du Chronicle, mais il couvre le phénomène des certifications alternatives de plusieurs angles:
- When a Degree is Just the Beginning Avec l’explosion des fournisseurs de formation qui offrent de telles microcertifications, le problème de déterminer le sérieux et la qualité de ces certifications se pose de façon aigüe, mais les employeurs semblent demander ce niveau de détail et certaines institutions tentent de les intégrer à la certification traditionnelle. Un encadré présente certains organismes privés qui offrent des logiciels pour accumuler et présenter ces nouvelles formes de reconnaissance, tandis qu’un article complémentaire présente des badges, des certificats (privés) et des nanodiplômes disponibles sur le “marché”.
- Master’s-Degree Programs Specialize to Keep Their Sheen évoque le phénomène de la spécialisation des maîtrises pour se distinguer et rester compétitives.
- Stack Those Credentials traite des diplômes gigognes (par exemple, programme court + programme long + certificat d’études supérieures permettent éventuellement d’obtenir un bac ou une maîtrise) et du fait qu’ils permettent à des étudiants moins fortunés ou en emploi/ avec famille de compléter des études par petites incrémentations.
- Credit for Watching a TED Talk? fait découvrir le logiciel de la firme Degreed qui enregistre chaque apprentissage sur le Web (visionnement de vidéo, textes, etc.) en lien avec un emploi, pour démontrer à un employeur le temps passé en auto-formation.
- Interview: Where Do Accreditors Fit In? est une entrevue avec Barbara Gellman-Danley, présidente de la Higher Learning Commission basée à Chicago. Elle explique pourquoi les organismes d’accréditation doivent faire partie du processus et rappelle qu’il faut avoir à cœur les besoins des étudiants, notamment ceux d’une formation assez ouverte pour être applicable dans divers contextes. L’article présente aussi une liste de plusieurs rapports qui portent sur la même question.
- Gatekeepers No More: Colleges Must Learn a New Role: Texte éditorial d’un professeur d’informatique qui croit qu’une révolution de la formation universitaire est en marche. La valeur des institutions supérieures ne reposera plus sur leur rôle traditionnel de gardiens de la connaissance, mais sur la façon de transmettre et la motivation que les étudiants auront à accéder aux contenus.
- The Desire for Credentials in an Age of Anxiety: Texte d’un philosophe qui ne trouve pas anormal que l’on cherche des certifications plus granulaires dans un monde devenu méfiant quant à la qualité d’un employé.
- Why Colleges Should Support Alternative Credentials” rappelle qu’il y a plus d’un chemin vers le succès et que les badges et autres microcertifications permettent de représenter ces différents chemins.
- The Winners and Losers of Innovation s’inquiète de ce les étudiants provenant de milieux moins favorisés soient laissé pour compte suite au “découplage” des diverses fonctions éducatives et au développement d’auto-formation telles le competency-based learning. L’auteure craint que ces innovations rendent encore plus difficile l’accès du plus nombre à une formation libérale.
« What the research tells us is that underserved students need mentors, a supportive community, financial aid, caring and culturally competent instructors, well-sequenced programs, high-impact projects and assignments, contact with peers, smart advising, and proactive, even intrusive guidance to help them stay on course — while they also juggle highly stressed and often impoverished lives beyond college. » (Geary Schneider, 2015)
Sources:
Mangan, Katherine, « Stack Those Credentials », The Chronicle of Higher Education, 14 septembre 2015
Young, Jeffrey R., « Credit for Watching a TED Talk? », The Chronicle of Higher Education, 14 septembre 2015
La valeur des micro-certifications est encore incertaine.
S’agit il de certifications complémentaires aux macro certifications ou de certifications alternatives ?