Brock Read, rédacteur en chef de Vitae (un service « carrière » du Chronicle of Higher Education) trace un parallèle entre deux articles où l’on s’inquiète de menaces au mentorat que favorise la formation universitaire.
Pour Tom Palaima, professeur d’études classiques à la Austin University, au Texas, la menace provient des MOOC. Il y voit une illusion vers laquelle les institutions universitaires courent dans l’espoir de se renflouer financièrement. Il se demande quels seront les coûts d’opportunité des MOOC, alors que sera perdue une certaine qualité d’interactions entre enseignants et étudiants:
« …Who will be among the tens of thousands of students being educated by an assortment of Moocs? How and what will they be learning? What will professors and programmes producing Moocs not be doing that they do – and do well – now? That is, what are the opportunity costs of Moocs? What will students, faculty and society at large be loosing in the process? » […]
« To me, Moocs seem to be the antithesis of the personal interaction between and mentors that helped many of us figure out how we would face our lives ahead, inside and outside academia. Mentors inspire us and get inside our minds. They let us see who they are and why and how they are who they are, even when they don’t know they are doing so. They are three-dimensional. They are flesh and blood. […] They show us how to fail and to keep going on. »
Après avoir évoqué plusieurs histoires de mentors et de mentorés, il explique que parfois la voix du mentor devient un guide intérieur, un daemon socratique qui pointe vers des attitudes, des valeurs à entretenir. Il touche avec ces mots de sagesse: « Mentoring, ultimately, is reaching out one-t-one because the world’s problems are tos big to take on alone. »
Pour William Pannapacker, professeur de littérature anglaise au Hope College du Michigan, c’est plutôt le recours de plus en plus important aux chargés de cours (adjuncts) – 76 % de l’enseignement dans les colleges, chiffre qui continue à augmenter – qui raréfie les rapports entre professeurs de carrière et étudiants:
« It’s hard for adjuncts to maintain the kind of strong, long-term relationships with students that are important for intellectual development and the pursuit of career opportunities. It’s a problem that students can’t find faculty who know them well enough—or who are simply around long enough—to write recommendations and to share their professional networks. » […]
« Students benefit from secure, long-term faculty who are fully invested in their institution, not harried, transient adjuncts who are generally not able to provide the same kind of support, much as they might like to. The value of that support is hard to quantify, but I believe it counts for more than the measurable outcomes of any given course. »
Si il admet que des chargés de cours font un travail de grande qualité, il estime qu’il leur est difficile de fournir un encadrement et de l’accompagnement permettant des apprentissages en profondeur, de prendre autant de risques en classe (puisqu’ils ne sont pas permanents), d’effectuer de la recherche de pointe ou de créer des liens forts avec les futurs diplômés.
Pour lui, le recours massif aux chargés de cours entretient une “fausse économie” qui permet notamment d’investir dans des infrastructures physiques attrayantes au péril de relations de qualités. Il n’hésite pas à parler de “système d’exploitation“.
Que ce soit à cause des changements technologiques ou des pratiques d’emplois, Brock Read conclut en invitant ses lecteurs à réagir: Le mentorat traverse-t-il une période de changements fondamentaux?
Sources:
Read, Brock, « Is Mentorship in Peril? », Vitae (The Chronicle of Higher Education),
Palaima, Tom, « Tom Palaima on the power of mentors », Times Higher Education, 14 novembre 2013
Pannapacker, William, « Squandering Our Moral Capital», Vitae (The Chronicle of Higher Education),