Lorsqu’on enseigne, c’est presque toujours avec les mains sur le volant. S’il arrive qu’on laisse le contrôle, ce n’est jamais pour bien longtemps… et presque toujours avec une reprise rapide sur le déroulement de la séance. Mais qu’arriverait-il si nous cédions notre place à nos étudiantes et étudiants afin qu’ils animent une séance?
C’est en fait ce que nous propose Perry Shaw, professeur en éducation au Arab Baptist Theological Seminary. Il s’est aperçu que, lors des séances où ses étudiantes et étudiants prenaient le rôle d’enseignant-animateur, toute la classe en bénéficiait – lui y compris-! Il nous explique son mode opératoire.
Tout d’abord – le choix du format
Shaw a paramétré ses séances de prise de contrôle afin que des équipes de trois ou quatre personnes étudiantes animent à tour de rôle des activités de réflexion-discussion autour de thèmes reliés au cours. C’est donc dire que tous sont sollicités pour s’impliquer dans ce genre de séance, pas seulement ceux et celles qui animent, mais aussi tout le reste de la classe. Chacune de ces séances durent environ 45 minutes et laisse libre cours aux personnes étudiantes d’utiliser différentes stratégies pour inciter les autres à s’approprier la matière.
Planifier et communiquer la façon de faire
Shaw a découpé les différentes étapes pour que les 45 minutes prévues soient adéquatement distribuées. Il consacre 3 ou 4 minutes à faire un survol du thème qui sera discuté et de son importance dans la société d’aujourd’hui. Les 20 minutes suivantes sont consacrées à la formation des équipes et à leur préparation d’argumentaire selon un texte d’appoint (pas plus de 3 pages) qui présente une vision spécifique du thème en question. L’équipe se nomme une personne qui agira comme représentant de l’équipe. L’animation de l’équipe et l’interaction avec le groupe peuvent se dérouler sur 10 ou 20 minutes selon l’ampleur du sujet et la variété des points de vue. Un bref retour en plénière par la personne enseignante vient boucler la boucle des apprentissages. Toute cette démarche peut être reprise trois ou quatre fois dans un même cours selon le temps disponible et le nombre de personnes étudiantes.
Graduer la complexité des séances
On comprend que les premières séances de ce type demandent un encadrement serré mais qu’au fil du temps les personnes étudiantes deviennent plus autonomes et générèrent des stratégies de communication et d’apprentissage qui les mènent plus loin que le stricte apprentissage de la matière. Il devient alors possible de graduer la complexité des sujets débattus au fur et à mesure de leur développement.
Ce que nous propose Shaw n’est ni plus ni moins qu’une forme de pédagogie active propice aux débats d’idées. Cependant, si votre matière ne se prête pas au débat, vous pouvez tout de même utiliser une stratégie similaire axée sur la résolution d’un problème complexe, l’étude d’un ou de plusieurs cas ou la mise en pratique de compétences en enseignement. L’idée ici est de céder sa place et d’en partager les bénéfices.
Source: Shaw, Perry, Student-led Lessons Rather Than Student Presentations, Faculty Focus, 19 novembre 2021.
Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.
Comme le mentionne fort à propos, un «pro» de la classe renversée, le professeur Jean-Charles Cailliez, dans «Renverser la classe… à chacun sa manière» (http://blog.educpros.fr/jean-charles-cailliez/2021/11/30/renverser-la-classe-a-chacun-sa-maniere/), il y a plusieurs types de classes renversées desquelles s’inspirer pour faire la sienne propre.