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Open Study : vers une salle d’étude planétaire ?

En rédigeant mon billet sur l’utilisation de badges virtuelles comme nouvelle modalité de certification, j’ai été intrigué d’entendre parler pour la première fois du service Open Study.  En février 2011, il comptait 40 000 étudiants inscrits.  Le 11 janvier dernier, un billet sur le blogue de la compagnie mentionnait qu’ils avaient atteint 80 000 membres.  Il a été fondé par un professeur d’intelligence artificielle à Georgia Tech, une vice-doyenne en sciences de la Emory University et un de leurs anciens étudiants.  Leurs locaux sont basés à Atlanta en Georgie, avec un bureau à Palo Alto, en Californie.

Nommée l’une des dix compagnies les plus innovatrices en éducation par le magazine Fast Company en mars 2011, le service a été qualifié de « Facebook scolaire », de « groupe d’étude massivement multi-joueurs » et prétend vouloir « transformer la planète en une immense salle d’étude ».   Il s’adresse aux étudiants de 13 ans et plus.  Un code de conduite assez ferme vise à maintenir une ambiance « studieuse » et les administrateurs (de même que toute personne qui s’y inscrit) souscrivent à une politique anti-plagiat (Anti-Cheating Policy, au bas de la page concernant les conditions d’utilisation). 

Le fait que le MIT ait choisi cette compagnie comme partenaire pour soutenir plusieurs cours de son OpenCourseWare a bien sûr piqué ma curiosité. De même, les prestigieux bailleurs de fond de cette nouvelle entreprise surprennent :  la National Science Foundation, les National Institutes of Health, la Georgia Research Alliance et la Fondation Gates/ Hewlett.  Le site Web annonce qu’elle est aussi soutenue par une société financière d’innovation (offrant du capital de risque), LearnCapital. 

Une fois inscrit (directement sur le site ou via Facebook), on est invité à se joindre à un « groupe d’étude » où l’interface nous indique le nombre de membres en ligne et le nombre de questions posées (répondues ou non) sur ce groupe.  On se joint au groupe qui correspond à la matière qui nous pose problème ou pour laquelle on souhaite offrir de l’aide.  Le groupe le plus actif est celui consacré aux mathématiques, mais la physique, la biologie, la chimie, l’informatique, l’écriture, l’histoire sont aussi des sujets populaires.  En tant que membre, on peut créer de nouveaux groupes à volonté, mais il n’est pas clair ce qui leur arrive si aucune activité n’y est enregistré.  Les articles que j’ai lu mentionne que l’on peut utilisé Facebook Connect pour discuter avec un autre membre de notre problème et qu’il y a possibilité d’utiliser un tableau blanc (forcément virtuel!) pour expliquer une réponse.

Le réseau semble fonctionner grâce à la valorisation des membres qui participent en questionnant ou en aidant.  Et c’est ici qu’on entre dans les mécanismes de ludification, qui récompensent l’altruisme à la manière des jeux : les membres reçoivent des « réussites » (achievements; par exemple pour avoir posé une question, avoir répondu à quelqu’un ou avoir discuté avec un autre membre) ou des « médailles » (qui semblent être décernées par d’autres membres), puis montent de « niveau » ayant des « titres » de plus en plus honorifiques.  Du niveau 1 à 4, on est « Neophyte », puis « Lifesaver » (5-9), puis « Star » (10-19), ensuite « Superstar » (20-29), « Champion » (30-39), « Superhero » (40-59), « Master » (60-69), « Guru » (70-89), « Legend » (90-100)…  Les meilleurs « joueurs » sont affichés plus haut que les néophytes dans l’interface de présences et l’on peut devenir « fan » d’un autre membre :

« OpenStudy aims to make education fun by providing users with gamification […] elements like medals and achievements for completing actions like answering a question quickly or answering  more than ten questions. You can also fan people you’d like to follow, giving users incentive to engage and contribute.

“We want OpenStudy profiles to become like LinkedIn for education,” says Marketing Manager Jon Birdsong, ”An accurate and evolving representation of your academic persona.  We want our students to become heroes to their peers – and we want to make sure everyone knows when they are.” » (Tsotsis, 2010)

En quoi est-ce qu’une telle plateforme est plus stimulante que les groupes d’études traditionnels :

« …Preetha Ram [une des co-fondatrices], argues that “massively multiplayer” online games like World of Warcraft do a better job exciting players about learning complicated controls and fictional missions than professors do motivating students in the classroom. “We’ve been called a massively multiplayer study group,” she says with apparent pride at the comparison. Ms. Ram is no gamer herself, though—she has spent her career in academe, and she is on leave from her job as associate dean for pre-health and science education at Emory University.

She wanted to take her ideas about peer-to-peer learning beyond her own classroom in Atlanta, so she helped start the company… […]

Far from replacing university degrees, her goal is to fill a gap by recognizing soft skills that traditional grades and diplomas often miss. Students who help out other students in face-to-face study groups have no way to show the effort they invested there, she contends. “We all know that teaching someone is the best way to deepen your understanding of the concept,” she argues. And she says that crafting a clear answer to explain tough material to a peer is a the kind of soft skill that employers say they increasingly value. » (Young, 2012)

Open Study n’est pas le seule site du genre.  Par exemple, Grockit.com permet aux étudiants de se préparer aux tests standardisés américains (GMAT, SAT, ACT, etc.).  Il aurait un million de membres.  Une question qui me turlupine néanmoins : quel est le modèle d’affaires de ces sites dont on précise bien qu’ils sont « for profit » ?  Sur Open Study, il n’y a pas de publicité et l’adhésion est gratuite…  pour le moment. Les administrateurs prétendent ne pas vendre les données personnelles des membres à des tiers (Except as described above [compagnies de crédit ou forces de l’ordre], Open Study will not disclose any personal information about you to third parties without your permission.)

Sources :

Koebler, Jason, « Teens Take Studying Online », US News – Education, 17 octobre 2011
Tsotsis, Alexia, « OpenStudy Wants To Turn The World Into “One Big Study Group” », TechCrunch, 8 juin 2011
Young, Jeffrey R., « ‘Badges’ Earned Online Pose Challenge to Traditional College Diplomas », The Chronicle of Higher Education, 8 janvier 2012.

http://openstudy.com/press
http://blog.openstudy.com
http://openstudy.com/about-us
http://openstudy.com/terms-and-conditions
http://openstudy.com/privacy-policy

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À propos de l'auteur

Jean-Sébastien Dubé

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