Article fort bien vulgarisé du ParisTech Review qui interview le professeur Dehaene de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France. « Les travaux de Stanislas Dehaene, qui exploitent conjointement les méthodes de la psychologie cognitive et de l’imagerie cérébrale, portent sur les architectures cérébrales de l’arithmétique, de la lecture, du langage parlé, et l’accès d’information à la conscience2, ce qui l’a amené à s’intéresser à la dyscalculie et à la dyslexie » (Wikipédia, notre emphase).
On s’intéresse à ce que les neurosciences peuvent nous faire connaître de l’apprentissage et des stratégies pédagogiques à mettre en oeuvre pour tenir compte de ces connaissances. Par exemple, on part de ce que l’imagerie nous apprend sur le rythme de l’apprentissage et on applique cela à l’enseignement. Ainsi, on comprend qu’il« vaut mieux répartir peu [de contenu] sur la durée que beaucoup en un court laps de temps ». On découvre aussi que « [l]’apprentissage [est] optimal lorsque l’on [alterne] acquisition de connaissances et test répété de celles-ci. » C’est ce qui fait dire à l’auteur que les jeux se prêtent particulièrement bien à ce mécanisme de « feedback et répétitition », « essentiels pour fixer un savoir ou un savoir-faire ».
D’autre part, on note que les sciences cognitives ont identifié quatre piliers de l’apprentissage: l’attention, l’engagement actif, le retour d’information et la consolidation.
*Attention: Quand on comprend que l’attention est un « filtre qu’il faut savoir captiver et canaliser », on saisit mieux que l’« enjeu est de bien orienter l’attention » L’article explique ainsi ce qu’on appelle l’ « effet maître », soit le fait qu’un enseignant captive alors qu’un autre attire « l’attention sur des niveaux non-pertinents ». On donne aussi l’exemple de manuels ou de formations avec trop d’illustrations et de couleurs « attrayante[s], mais chaotique[s] » qui créent une « overdose d’information ».
*Engagement actif: « un organisme passif n’apprend pas » Par conséquent, on a avantage à « Rendre les conditions d’apprentissage (raisonnablement) plus difficiles » pour « paradoxalement aboutir à un surcroît d’engagement et un effort cognitif, synonymes de meilleure attention. »
*Retour d’information: l’article explique que le cortex est vraisemblablement une machine à générer des prédictions et à se réajuster en fonction des erreurs. « Le cerveau fonctionne ainsi par itérations, avec des cycles qu’on peut décomposer en quatre étapes successives : prédiction, feedback, correction, nouvelle prédiction. […] Il s’agit tout simplement de continuellement corriger le tir le grâce au retour d’expérience, ce qui revient à dire que… l’erreur est fondamentale ! » Elle devient fertile lorsqu’elle est « activement remarquée par l’apprenant » qui « doit la dépasser ».
*Consolidation: notre collègue Éric Chamberland a déjà discuté de l’intérêt à comprendre le fonctionnement de la mémoire pour élaborer des stratégies pédagogiques appropriées. Voici ce qu’en dit l’article…
« …[E]n se transférant vers des réseaux non conscients, plus rapides, plus efficaces, le cerveau parvient à une automatisation. On libère le système du cortex préfrontal qui redevient disponible – ce qui n’est pas sans rappeler la façon dont on libère des ressources systèmes dans un ordinateur, qui au lieu d’être saturé et d’accomplir très péniblement ses tâches, permet une fois libéré de « surfer » sans encombre, sans tâches superflues en arrière-plan. »
Source: École des Neurosciences de Paris Ile-de-France, « Les quatre piliers de l’apprentissage, ou ce que nous disent les neurosciences », ParisTech Review, 7 novembre 2013.