Devant la multiplicité des technologies portables et le fait que les étudiants s’y branchent en tout temps et donc pendant un cours, certains malaises se développent chez des professeurs universitaires par rapport à ces utilisations inopportunes. Il est évident que les enseignants sont plus en plus sollicités pour utiliser des approches novatrices en pédagogie. Les TIC en font évidemment partie. Par ailleurs, quand ces technologies ne sont pas requises pour un moment en classe, comment détacher l’attention des étudiants de ces appareils qui font leur quotidien? Parfois, leur consultation est de courte durée et discrète, mais des cas qui dérangent véritablement le professeur sont aussi souvent mentionnés. Comment composer avec tout cela et réussir à retenir l’attention des élèves?
« Le Centre de pédagogie universitaire de l’Université d’Ottawa a pour sa part conçu un guide sur l’enseignement dans un environnement sans-fil. Un des objectifs de ce document est de favoriser l’utilisation courtoise des appareils électroniques. L’accessibilité ininterrompue à Internet, mentionne le guide, transforme la gestion de classe, modifie le rapport professeur-étudiant et amène aussi à s’interroger sur de nouvelles façons d’enseigner afin de mieux prendre en compte la pluralité des contextes pédagogiques. »
Le guide de l’Université d’Ottawa propose aux enseignants d’être pro-actifs et « d’animer une discussion sur les utilisations du sans-fil pouvant gêner les autres étudiants et de « [les inviter à] proposer des règles pour les éviter ». Il suggère notamment comme option d’inclure des périodes « zéro techno » et d’ainsi mettre en évidence les conséquences d’une utilisation inappropriée des technologies. « En plus d’avoir un code de conduite applicable à l’échelle de l’université, beaucoup d’experts proposent d’établir dans chaque classe, des lignes directrices relatives à la courtoisie et aux comportements perturbateurs. » [notre emphase]
Professeur agrégé et directeur de la rédaction professionnelle du département d’écriture à l’Université de Victoria, David Leach, indique que selon lui « l’important, ce n’est pas tant la façon de gérer les étudiants indisciplinés que le choix de cours et d’une méthode d’enseignement qui évitent les distractions afin que les étudiants participent si activement qu’ils en viennent à se surveiller eux-mêmes. » Personnellement, au début de ses cours, il discute avec ses étudiants du respect mutuel. Après cela, ses étudiants et lui agréent de signer une sorte de contrat d’engagement envers les autres, ce qui tend à minimiser les comportements inadéquats avec les TIC.
De façon plus spécifique, « Zopito Marini, professeur à l’Université Brock et titulaire de la chaire du chancelier pour l’excellence en enseignement, a étudié ce qu’il appelle les comportements courtois, ou l’absence de tels comportements, en salle de classe. Il définit les comportements perturbateurs ou non courtois comme toute manifestation qui appauvrit l’enseignement et les possibilités d’apprentissage des autres. » Lui aussi est d’avis qu’il importe de prendre du temps en classe pour aborder le sujet avec ses étudiants et d’établir avec eux les règles de base de courtoisie à ce sujet. Dans son plan de cours, il y consacre une page et demie où il précise en des mots simples ce qu’il attend de ses étudiants comme de son propre comportement.
M. Marini «favorise aussi des échanges qui mènent à l’adoption d’un consensus sur les comportements à adopter en classe et il affiche les résultats. Par exemple, les retardataires acceptent de s’asseoir à des endroits réservés pour eux, où ils sont le moins susceptibles de perturber le cours à leur arrivée. […] Lorsqu’un incident survient, il rappelle aux étudiants l’entente dont ils ont convenu. Il affirme que ce document lui donne les moyens de gérer les situations qui se présentent sans paraître trop sévère ou répressif. »
Inspirés de Arthur Chickering et Stephan Ehrmann, auteurs de Implementing the seven principles: Technologies as lever, le guide du Centre de pédagogie universitaire de l’Université d’Ottawa mentionne également sept principes pour l’enseignement à la génération Net :
- Les bonnes pratiques encouragent les contacts entre étudiants et professeurs
- Les bonnes pratiques développent l’entraide et la collaboration entre étudiants
- Les bonnes pratiques favorisent un apprentissage actif
- Les bonnes pratiques fournissent des rétroactions rapides
- Les bonnes pratiques mettent l’accent sur la gestion du temps
- Les bonnes pratiques expriment des attentes élevées
- Les bonnes pratiques tiennent compte de la diversité des compétences et des styles d’apprentissage
En conclusion, même s’il date déjà de quelques années, le guide du Centre de pédagogie universitaire de l’Université d’Ottawa m’apparaît très bien fait et d’actualité, convivial dans sa conception et clair dans les idées présentées et les messages mis de l’avant… un excellent point de départ pour de bonnes discussions et l’établissement de démarches d’ordre institutionnel.
Sources :
DROLET, Daniel, « Réduire les interruptions en classe », dans Affaires universitaires, 10 septembre 2012.
Centre de pédagogie universitaire de l’Université d’Ottawa, Guide pédagogique sur le sans-fil. Le sans-fil, nouvel outil pour l’enseignement, 22 avril 2009.
Ce type d’info. est susceptible d’intéresser plusieurs professeurs. À faire connaître dans le prochain Perspective SSF?
Un peu délicat de faire la promotion des outils des autres universités dans le _Perspectives SSF_, quoique nous avons déjà fait référence à des outils de l’UdeM. Il faudrait contextualiser… ou le faire connaître dans un autre média. J’y réfléchis.