Quel enseignant ne trouve pas l’exercice de correction fastidieux et oh! combien frustrant, surtout lorsqu’il se rend compte qu’une majorité des étudiants fait carrément fi des commentaires qu’il a prit soin d’inscrire dans les marges des travaux?
Dans le cadre d’un projet de recherche, Isabelle Cabot et Marie-Claude Lévesque, toutes deux enseignantes au niveau collégial, ont cherché à solutionner cette difficulté. Elles ont tenté de rendre l’exercice de correction plus constructif, tant pour les étudiants que pour elles-mêmes.
Conscientes des résultats positifs de la rétroaction transmise oralement aux étudiants (J. Roberge 2001, 2008), les enseignantes Cabot et Lévesque ont reproduit cette pratique en recourant à l’audiovidéo numérique.
Un des objectifs qui était dans la mire des enseignantes – et non le moindre: ne surtout pas alourdir l’exercice de correction en le rallongeant ou en le complexifiant à cause de ces nouvelles technologies.
Pour réussir ce tour de force, les deux comparses ont…
- choisi leurs outils de travail en fonction de leur simplicité et de leur courbe d’apprentissage rapide (logiciel Snagit, téléphone portable, micro-casque USB, tablette graphique Wacom);
- privilégié des enregistrements faits en contexte authentique, c’est à dire qu’elles ont capturé en temps réel l’exécution d’une correction telle qu’elle se ferait si l’étudiant était assis à côté d’elles;
- décidé d’exclure tout type de montage subséquent, qui aurait ajouté des heures supplémentaires à l’exercice de correction;
- utilisé le serveur YouTube dans son mode de diffusion «privé» pour le partage des corrections à chaque étudiant.
Voyez une des corrections réalisées dans le cadre de cette recherche:
Au final, cette pratique de correction s’est avérée bénéfique pour…
- la motivation des étudiants qui s’impliquent davantage en classe suite à ce genre de correction qu’ils perçoivent comme «technocool», plus personnalisée, plus individualisée;
- l’apprentissage des étudiants qui, lorsqu’ils visionnent la correction de leurs travaux, comprennent mieux leurs erreurs, ont moins de questions, sont plus aptes à transférer les commentaires dans d’éventuels travaux subséquents;
- les enseignantes qui ont peu ou pas de temps supplémentaire à investir dans la maîtrise des outils ou dans la production des enregistrements. Somme toute, ceux-ci leur demande l’équivalent – voire même un peu moins de temps – que la correction manuscrite, si on tient compte du fait qu’un humain parle généralement plus vite qu’il n’écrit;
- l’augmentation du niveau de satisfaction et le sentiment d’accomplissement des enseignantes, dû à l’appréciation de ce type de correction par les étudiants. Conséquemment, ces derniers réclament moins de rendez-vous pour se faire expliquer les commentaires aux travaux, font moins de demandes de révision de notes, sont de plus en plus d’engagés en classe, etc.
Sources:
Rhéaume, Catherine, «La correction audiovidéo, une pratique profitable?», Profweb, 25 avril 2016.
Cabot, Isabelle et Lévesque Marie-Claude, «La correction audiovidéo: une pratique profitable?», Pédagogie collégiale, vol.28, no. 3, printemps 2015.

Veilleuse pendant plus de 10 ans, mes recherches et sujets d'intérêt tournaient autour des multiples usages de la vidéo à des fins d'enseignement et d'apprentissage. Je resterai, même à la retraite, fidèle lectrice de ce blogue qu'est L'Éveilleur!