Une des épines au pied de la personne enseignante s’avère souvent la formation d’équipes d’étudiantes et d’étudiants pour réaliser des activités pédagogiques ou entreprendre un travail de session. Qu’on impose la constitution des équipes ou qu’on laisse agir la nature humaine, il se trouve toujours quelqu’un pour abattre en plein vol la méthode choisie! On a presque envie de passer outre cette méthode de pédagogie active et de se rabattre sur un examen de mi-session…
Pourtant, le travail en équipe a depuis longtemps prouvé ses effets bénéfiques tant sur des compétences transversales que sur les apprentissages disciplinaires. Toutes les personnes étudiantes qui s’y investissent le moindrement y trouvent leur compte pour développer leur écoute active, une certaine remise en perspective de points de vue opposés ou la formulation de rétroaction constructive. Que faire alors?
Le docteur Forrest Cooper, enseignant et spécialiste en médecine orientale, nous présente quatre méthodes dont il précise les avantages et les inconvénients. Bien qu’aucune d’entre-elles ne soit exempte de failles, ce survol nous permet de choisir une ou l’autre en connaissance de cause.
La répartition aléatoire
Vous évaluez le nombre de groupes que votre classe pourra compter, puis vous donnez un numéro d’équipe à chacun pour qu’il s’y dirige. Ce peut être un numéro, une couleur, une saison de naissance, etc.. L’important est de confier au hasard le choix des membres d’une équipe.
«Les groupes aléatoires peuvent entraîner une répartition inéquitable des ressources et des capacités des membres de l’équipe. Une façon d’atténuer ce risque est de les répartir en fonction d’un critère, tel que leur degré d’aisance ou leur expérience d’un sujet, puis de randomiser ces personnes de façon à ce que chaque équipe comprenne des membres de différents niveaux d’expérience.
La résistance peut venir du fait que les participants ont l’impression que la formation du groupe est arbitraire ou qu’ils ne sont pas à l’aise pour travailler avec des personnes étudiantes qu’ils ne connaissent pas. Des difficultés peuvent également survenir lors de projets à long terme en raison du manque de cohésion du groupe.»*
Le choix autonome
Avec cette méthode, vous laissez tout un chacun choisir les membres de leur équipe. Bien entendu, c’est facile pour vous, mais cela peut toutefois créer quelques laissés pour compte et restreindre la diversité des points de vue… Cette méthode peut s’avérer très pratique lors de courts exercices comme des périodes de réflexion-discussions.
L’assignation par la personne enseignante
Ici, c’est vous qui êtes le maitre de jeu. Vous pouvez regrouper vos étudiantes et étudiants selon leurs réponses à certaines questions que vous leur aurez fournies.
«Pour ce faire, on demande aux personnes étudiantes de remplir un questionnaire ou on se base sur des critères tels que la spécialité ou les centres d’intérêt de chacun. Cette méthode peut être soutenue par un logiciel de gestion de l’apprentissage de l’université.»*
C’est sans doute une méthode énergivore pour vous, mais si vous désirez mettre à profit les connaissances préalables de vos personnes étudiantes, vous pourrez plus justement distribuer les niveaux d’expérience dans chacune des équipes.
La méthode mixte
«Une méthode souvent utilisée consiste à demander aux personnes étudiantes de choisir eux-mêmes leur partenaire, mais à exiger qu’elles travaillent avec un partenaire différent à chaque séance. Cette méthode fonctionne mieux dans les classes relativement petites (moins de 30 personnes) où il y a une activité répétée à réaliser en binôme ou en groupe de trois.»*
Cette méthode se prête bien pour les exercices pratiques à la fois brefs et sans grandes conséquences sur la note finale des personne étudiantes. Elle pernet aussi de minimiser les personnes qui se retrouvent souvent seules lorsque vient le temps de former des équipes. Cela peut toutefois vous demander un certain suivi pour vous assurer que les rotations sont effectivement faites. Cette façon de faire est à éviter si vous détestez prendre le rôle de contrôleur!…
Que votre classe réponde bien ou critique la méthode que vous leur proposerez, dires-vous bien que vous leur permettez d’expérimenter ce que les personnes du monde du travail vivent régulièrement. Sans doute n’assisterez-vous pas à leur prise de conscience, mais vous pourrez sans doute sentir vos oreilles bourdonner quand elles capteront leurs remerciements a posteriori!
* : Traduction avec l’application en ligne DeepL, nos ajustements.
Source : Cooper, F., Another Way to Form Groups for the Active Learning Class, Faculty Focus, 2 juillet 2021
Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.