L’excellent site Hybrid Pedagogy récidive avec une réflexion intéressante sur l’utilisation habituellement faite des forums de discussion. Rappelant que les technologies éducatives ne sont pas neutres, ils estiment que les enseignants auraient tout avantage à utiliser les forums – et l’ensemble des ENA – de manière critique et créative (« hacking the LMS »). Les auteurs Morris et Stommel s’insurgent contre les consignes étouffantes trop souvent données aux étudiants afin d’animer les forums d’un cours sur les ENA institutionnels. Exemple:
Vous devez contribuez trois fois chaque semaine. Votre première contribution doit constituer une réflexion originale comportant au moins une source secondaire. Vos deuxième et troisième contributions doivent répondre à deux autres étudiants. Vous devez avoir rédigé votre première contribution (au moins 500 mots) avant le mercredi et au moins l’une de vos réponses (de 250 mots) avant le vendredi. 5 % de votre note de participation sera retranchée pour chaque jour de retard. [traduction libre]
Leur analyse des conséquences d’une telle approche est assez impitoyable: ces forums-là ne sont que des lieux de passage et non des espaces de co-construction de connaissances…
« The illusion offered by discussion forums is that they build community. And while certain kinds of communities can be built through regular posts and responses to those posts, these are communities of commentary, and not the kinds of communities that further online and hybrid learning. In a classroom, we work diligently to unify our students, to foster a supportive environment, and to encourage cooperation and collaboration. At their worst, discussion forums are less like classrooms and more like bus stops — each participant stopping by, saying a few words, and then going on their way. Whereas discussion forums are isolated, digital communities are dispersed, uncontained, and this allows them to be as rampant as we hope our online classes will be. » [nos emphases]
Pourtant, arguent-ils, les étudiants sont actifs et contribuent à de multiples discussions sur le Web (sur les grands médias sociaux, principalement). Pour Morris et Stommel, la clé réside dans l’ouverture des lieux de discussions sur les communautés élargies du Web, via les environnements d’apprentissage personnels (EAP) des étudiants:
Participants’ personal learning networks can, in an open forum, be that much more diverse and expansive. Students are no longer only speaking with other students in the same class, but now can speak with other students in their discipline, students at other universities, professionals in their field, other instructors, and people outside of academia who nonetheless share an interest in the subject matter and who may have radically different perspectives. Students become part of the wider conversation distributed across the Internet. Their thoughts and works reside adjacent to the top names in their field, and can be collected, curated, and archived along with all other nodes of the discourse. This democratization of learning and authority supports students’ autonomy and ownership over their own education.
Ils suggèrent plusieurs outils à tester, en soulignant leurs forces et leurs limites.
Dans les commentaires à cet article, des lecteurs rappellent toutefois que tous les étudiants ne sont pas d’emblée actifs dans les médias sociaux de manière égale. Enseigner à partir d’une plateforme commerciale ou l’autre reviendrait à la légitimer. Stommel répond qu’effectivement, une institution de formation ne doit pas légitimer les médias sociaux commerciaux, mais que les enseignants ont avantage à développer la littératie numérique en encourageant une utilisation critique de plusieurs outils différents.
Source: Morris, Sean Michael et Stommel, Jesse, « The Discussion Forum is Dead; Long Live the Discussion Forum », Hybrid Pedagogy, 8 mai 2013.