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D’autres universités canadiennes développent des postes de professeurs centrés sur l’enseignement

À la suite de ma collègue Sonia Morin, je découvre par un article du Globe and Mail de cette semaine que plusieurs universités canadiennes embauchent des professeurs qui doivent consacrer environ 80 %  de leur tache à l’enseignement.

Le journaliste James Bradshaw explique que, depuis la signature de la plus récente convention collective avec les professeurs, l’Université York se propose d’engager 200 de ces professeurs spécialisés en enseignement dans les prochaines années.  Toutefois, l’un d’entre eux qui commente l’article précise qu’il y a déjà une vingtaine d’année que York a emprunté cette avenue.  York compte actuellement environ 2450 professeurs et bibliothécaires [source: Wikipedia].

On évoque aussi la situation de l’Université de Toronto où 320 postes de professeurs centrés sur l’enseignement existent (sur 11 581 professeurs), de même que celle de McMaster où 50 professeurs (soit 7 % de l’effectif) se consacrent majoritairement à l’enseignement.  On mentionne aussi que l’Université Dalhousie en Nouvelle-Écosse [donc hors Ontario] compte ce type de professeurs, sans en préciser le nombre.

L’article fait la distinction entre la situation qui prévaut aux États-Unis et celle du Canada:

“Studies in the United States show teaching is the primary task for at least 70 per cent of faculty, while most research is concentrated in leading universities, including the Ivy Leagues. It is a difficult comparison, as the vastly larger U.S. postsecondary system draws a distinction between university and college-style teaching, but what is clear is that more U.S. students learn from teaching-focused professors.

In Canada, where the distribution between instruction and research is more even, the idea of teaching-focused faculty requires a shift in the way professors are viewed and evaluated. For years, it has sparked animated debates in academic circles, and associations of professors regularly oppose it.”

Quant aux raisons qui justifient la multiplication de ces nouveaux types de poste, elles semblent motivées autant par des dimensions pédagogiques qu’économiques:

“Under growing pressure to improve teaching quality, due in no small part to constrained funding and swelling class sizes, more than a dozen schools of all sizes across Canada, with some notable exceptions, have gradually created a permanent teaching stream.” […]

“…In part, teaching-stream faculty are seen as a way to reduce costs: they typically earn comparable pay, benefits and tenure, but can teach more students.”

Bradshaw précise toutefois que l’Association des professeurs de l’Université d’Ottawa vient juste de rejeter une proposition de la direction de cet établissement d’amener la proportion de ces professeurs centrés sur l’enseignement à 10 % de l’effectif professoral d’ici 2020.  En 2008, le corps professoral de l’Université de Windsor aurait rejeté une proposition semblable.  Les craintes exprimées par les professeurs opposés au développement de tels postes sont principalement reliées à l’inquiétude de voir le corps professoral divisé et au fait que les volets d’enseignement et de recherche de la tâche sont perçus comme complémentaires et s’enrichissant l’un et l’autre.

Tant le commentateur de l’article qu’une professeure interviewée par Bradshaw affirment effectuer de la recherche en pédagogie disciplinaire dans la foulée du “Scholarship of Teaching and Learning”.  Bradshaw rappelle que selon une étude du Higher Education Council of Ontario (2011), 75 % des professeurs qui occupent de tels postes ne souhaiteraient pas en changer.  Enfin, un article d’Affaires universitaires datant d’octobre 2012 rappelle que des études scientifiques n’ont pas pu démontrer que les chercheurs sont de meilleurs enseignants (ni le contraire d’ailleurs):

“…En fait, les études n’ont pas pu démontrer que, pour être un professeur ou un chercheur brillant, il faut faire des compromis qui nuisent à l’efficacité dans l’autre sphère d’activité. L’affirmation opposée, selon laquelle les bons professeurs ont forcément un programme de recherche active [sic], n’a pas non plus été prouvée dans les études scientifiques.

Une seule hypothèse ne serait valide à ce jour : la recherche et l’enseignement au niveau universitaire sont des sphères d’activités si différentes l’une de l’autre qu’il est impossible de les mettre en corrélation avec le rendement d’un professeur.” [Chadwick, 2012]

Sources:

Bradshaw, James, “For a new king of professor, teaching comes first“, The Globe and Mail, 4 septembre 2013

Chapnick, Adam, “Il faudrait revoir nos convictions par rapport à l’enseignement et la recherche“, Affaires universitaires, 10 octobre 2012

 

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À propos de l'auteur

Jean-Sébastien Dubé

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