Pour Dan Remenyi, professeur d’économie retraité du Dublin College, il est clair que l’institution universitaire doit changer pour s’adapter au contexte du monde actuel. Avec ses collègues Kenneth Grant et Shawren Singh, il vient de coéditer The University of the Future (Acpil, novembre 2019), un ouvrage où 28 auteurs réfléchissent au chemin parcouru par les universités, à ce que l’on peut attendre d’elles et aux façons dont elles pourraient s’améliorer.
Selon Remenyi, le contexte actuel inclut une intense compétition sur le marché du travail, des critiques relatives au manque de préparation des étudiantes et étudiants quant au marché du travail, à l’emphase mise sur la recherche au détriment de l’enseignement, ainsi qu’aux généreuses allocations de départ offertes à certains hauts dirigeants.
Après avoir rappelé que les universités sont les produits de leur époque et, notamment, d’une importante diminution de leur financement par les états, il estime qu’elles doivent se recentrer sur trois priorités: “education, education, education“. Il a une vision assez claire de ce que cela signifie…
Education is not so much about transferring facts and figures or skills. It is certainly not about getting learners to memorise blocks of information. Education is about developing a mindset where the learner realises his or her ability to face challenging situations and come up with satisfactory solutions to problems. Of course, knowledge is required to achieve this, but students need more than knowledge.
Becoming work-ready is not a good reason to go to university, but there is no doubt that becoming work-savvy, which requires inter alia an achievement mindset, is a very useful thing. [nos emphases]
Sur le plan des moyens d’y parvenir, il constate l’inefficacité des cours magistraux et considère que l’apprentissage par la pratique et la collaboration avec les praticiens sont les voies de l’avenir: “…L]earning by doing has to be the main way forward and working alongside accomplished practitioners has much to offer. The ‘University of the Future’ will therefore place a greater emphasis on collaboration with practitioners“.
Toutefois, il insiste sur l’importance d’ouvrir les perspectives des étudiantes et étudiants et de leur permettre un certain recul réflexif: “Universities have to be careful not to jam-pack their students’ days with work, though. University is a time for individual exploration through discussion with others and reading works that broaden the mind.“
Sa conception de l’évaluation des apprentissages est assez exigeante… À l’instar des aspirants fonctionnaires dans la Chine ancienne, une étudiante ou un étudiant devrait se préparer pendant des jours afin de répondre à la question suivante: “Write down what you know about […] whatever your subject is which will allow this university to be confident that you are worthy of being awarded a degree.” D’après lui, cela contribuerait à la pertinence d’une formation universitaire.
Il termine son texte avec quelques paragraphes sur l’importance des universités pour le développement des sociétés.
“Universities have often been at the forefront of developing new ideas, new processes and new products. Universities have encouraged individuals who have gone on to become leaders in all walks of life. And universities, through bringing together young and enthusiastic individuals, have drawn attention to our need to aspire to a better way of life.“
Il met aussi de l’avant la responsabilité qu’ont les universitaires de redonner un peu de ce qu’ils ont reçu, par exemple en soutenant d’autres personnes qui voudraient profiter de ce privilège: “No one can ever really pay back the help they receive to grow and succeed, but everyone can pay it forward and help others to achieve their potential.“
Source: Remenyi, Dan, “The university of the future?“, University World News, 8 février 2020