Dans le cadre de cette enquête de l’Institut national de la statistiques et des études économiques (Insee), l’illectronisme est considéré comme l’illétrisme numérique. On y apprend que la France se situe dans la moyenne des pays européens quant à la connaissance numérique globale.
Sans surprise, ce sont les personnes âgées, sans emploi, à faible revenu, seules, etc. qui ont le moins d’accès à Internet et qui comptent le plus grand taux d’illectronisme. C’est ce qui fait dire aux auteurs de l’étude que « [s]avoir utiliser les ressources numériques courantes (Internet, traitement de texte…) est devenu presque aussi indispensable que savoir lire, écrire et compter. Ne pas avoir accès à Internet ou ne pas savoir utiliser les outils numériques représente donc un réel handicap, notamment pour effectuer des démarches administratives ou encore accéder aux services publics, pouvant accroître la vulnérabilité sociale de populations potentiellement déjà fragiles. »
Ce qu’il faut voir, c’est qu’Eurostat distingue quatre domaines de compétences numériques sur lesquelles l’Insee s’est basée pour son étude:
- la recherche d’information (sur des produits et services marchands ou administratifs, etc.) ;
- la communication (envoyer ou recevoir des courriels, etc.) ;
- la résolution de problèmes (accéder à son compte bancaire par Internet, copier des fichiers, etc.) ;
- l’usage de logiciels (traitement de texte, etc.).
Chaque de ces compétences est mesurée de 0 (incapacité par manque d’accès ou incompétence totale) à 2 (connaissances plus que basiques), en passant par 1 (connaissances basiques). Quelqu’un qui a 0 dans les quatre domaines est considéré comme en situation d’illectronisme. Quelqu’un qui a 0 dans au moins un des quatre domaines est considéré comme ayant une incapacité numérique.
« Utiliser Internet ne garantit pas de posséder les compétences numériques de base. Ainsi 38 % des usagers apparaissent manquer d’au moins une compétence dans les quatre domaines que sont la recherche d’information, la communication, l’utilisation de logiciels et la résolution de problèmes. Le défaut de compétence le plus répandu concerne l’usage de logiciel (35 %) devant la recherche d’information (11 %), la résolution de problèmes (8 %) et la communication (7 %).
L’absence de compétences numériques concerne 2 % des usagers d’Internet. Si l’on ajoute les non-usagers, 17 % de la population se trouve en situation d’illectronisme. Le profil des personnes concernées reflète largement celui du non-usage : les plus concernées sont les personnes âgées, peu diplômées, au niveau de vie modeste, vivant seules ou en couple sans enfant, inactives ou vivant dans les DOM (hors Mayotte). Mais l’âge joue davantage sur les compétences que sur l’équipement, alors que le niveau de vie est plus discriminant pour l’équipement que pour les compétences. » [notre emphase]
Si la plupart des titulaires de bac et d’études supérieures disposent d’équipements pour accéder à Internet et y ont effectivement accédé dans la dernière année (95 % et plus), on remarque qu’ils sont 33,2 % au bac et 18,3 % aux études supérieures à ne pas maîtriser l’une des compétences numériques identifiées par Eurostat.
Source: Legleye, Stéphane et Annaïck Rolland. « Une personne sur six n’utilise pas Internet, plus d’un usager sur trois manque de compétences numériques de base », Insee Première, 30 octobre 2019