Les microcertifications ont toujours une bonne visibilité dans le monde de l’éducation, mais (comme les MOOC avant elles) on peut commencer à se demander si elles ne seront pas surtout utilisées en formation continue ou dans des programmes visant spécifiquement l’intégration professionnelle. Le marché des diplômes alternatifs en enseignement supérieur est en plein essor, et le nombre de tels diplômes a considérablement augmenté ces dernières années, passant de 334 114 en 2018 à plus d’un million en 2023, selon un rapport de l’organisation à but non lucratif Credential Engine (Palmer, 2024).
« Alors que les établissements [américains] sont confrontés à une baisse des inscriptions, les diplômes alternatifs – dont beaucoup sont destinés aux adultes qui travaillent et aux étudiants non traditionnels – apparaissent comme l’un des moyens d’attirer davantage d’étudiants. Mais lorsque les efforts pour créer ou développer ces programmes sont décentralisés et ne font pas partie d’une approche institutionnelle, cela peut entraver les gains potentiels. » (Palmer, 2024; traduit avec Deepl.com, puis ajusté)
Par exemple, le Illinois Institute of Technology offre, à même ses formations en ligne, 13 microcrédits de compagnies comme Google, IBM et Meta. Dans une entrevue avec Mallik Sundharam, vice-recteur à la gestion du recrutement et aux affaires étudiantes et avec Kenneth T. Christensen, provost et vice-recteur sénior aux affaires académiques d’Illinois Tech, le chroniqueur Joshua Kim du Inside Higher Ed leur en demande la raison et quels avantages ils y voient pour les personnes étudiantes.
Pour Christensen, le fait d’intégrer des titres de compétences reconnus par l’industrie à leurs curriculums est « la poursuite de notre engagement en faveur d’une éducation fondée sur l’expérience et axée sur la carrière » (a continuation of our commitment to experiential, career-focused education; traduit avec Deepl.com). Selon Sundharam, ces microcrédits de l’industrie ont une réelle valeur dans le secteur de la technologie où ils sont associés à des rôles techniques particuliers, favorisent les occasions de réseautage, l’adaptabilité et l’avancement de carrière. Ils « peuvent constituer un ajout précieux au portefeuille professionnel d’une personne, en signalant aux employeurs un engagement en faveur de l’apprentissage continu et une base solide de compétences pertinentes et spécifiques à un secteur » (Kim, 2024, traduit avec Deepl.com).
Par ailleurs, une étude rendue publique au début janvier par UPCEA (une organisation connue autrefois comme University Professional and Continuing Education Association) concluait notamment que « si la majorité des établissements d’enseignement supérieur axés sur la formation en ligne, la formation professionnelle et la formation continue ont adopté des diplômes alternatifs, un grand nombre d’entre eux n’en ont pas fait une priorité stratégique » [notre emphase]. L’objectif de l’étude Alternative Credentials: Business and Program Models était de mieux comprendre l’intérêt et le fonctionnement de programmes offrant des certifications alternatives comme les programmes non crédités, les certificats professionnels, les badges, les « camps d’entraînement » (boot camps), et les MOOC. Elle a été rendue possible grâce à un financement de Walmart.
Entre le 23 août et le 3 octobre, 83 des 400 représentants institutionnels de l’UPCEA ont répondu à l’enquête. Bien que 69 % des personnes interrogées aient déclaré que la haute direction de leur établissement avait « adopté » les certifications alternatives, 20 % d’entre elles ont déclaré qu’il ne s’agissait pas d’un élément clé du plan stratégique de leur établissement. L’UPCEA a également formé six groupes de discussion avec des administrateurs de divers établissements, y compris ceux qui supervisent la formation continue, les programmes d’extension, les études professionnelles, l’apprentissage en ligne, l’innovation et les partenariats.
Toujours selon cette étude, les établissements d’enseignement supérieur interrogés par l’UPCEA proposaient en moyenne 64 diplômes alternatifs chacun.
« Selon l’enquête, une […] lacune fréquente dans la conception des programmes de microcrédits est l’apport des employeurs. Alors que 28 % des personnes interrogées ont déclaré consulter toujours ou très souvent les employeurs lors de l’élaboration des microcrédits, 37 % consultent les employeurs assez souvent et 36 % déclarent ne les consulter que rarement ou jamais. » (Palmer, 2024, traduit avec Deepl.com,. puis ajusté)
Voilà qui inquiète Shalin Jyotishi, conseiller principal sur l’éducation, le travail et l’avenir du travail pour New America, un groupe de réflexion sur les politiques éducatives. Pour lui, les établissements d’enseignement supérieur qui n’intègrent pas les microcrédits dans leurs plans stratégiques manquent une occasion de « disposer d’un outil au service des étudiants et des employeurs ». Il estime que l’objectif principal des microcertifications ne devrait pas être forcément de gagner plus d’argent. Il croit que les diplômes alternatifs devraient « permettre aux étudiants d’accéder à de bons emplois et de répondre aux besoins du marché du travail » (Palmer, 2024, traduit avec Deepl.com).
Sources:
Kim, Joshua (10 janvier 2024), 3 Questions for Illinois Tech About Its Innovative New Online Programs, Inside Higher Ed,
Palmer, Kathryn (9 janvier 2024), Report: Microcredentials Not a Strategic Priority for Many Colleges, Inside Higher Ed,