Alors que les négociations climatiques battent leur plein à Glasgow à la 26e Conférences des parties (CdP), de nombreux acteurs sociaux en profitent pour « renouveler leur voeux »en matière de climat. Les universités ne font pas exception.
La déclaration d’urgence climatique signée en 2019 par l’UdeS dans un effort de concertation avec d’autres universités québécoises rassemble aujourd’hui près de 1100 établissements post-secondaires (ils étaient moins de 200 en 2019). Cette initiative a été reformatée au travers le libellé «Race to Zero Universities & Colleges» et les signataires s’engagent à atteindre la carboneutralité le plus tôt possible ou au plus tard au milieu du siècle avec l’idée de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius.
À l’échelle du pays, Collèges et instituts du Canada (CICan), le porte-parole des collèges, des instituts et des cégeps publics canadiens, s’engage envers la carboneutralité de ses campus. À l’échelle de plusieurs établissements, on note également que les annonces en matière de carboneutralité, voire de carbonégativité, sont légion au moment de cette grande messe climatique. Dans mon fil d’actualité de médias sociaux, Polytechnique Montréal met de l’avant l’expertise en chimie verte et en ingénierie durable de ses chercheurs afin de développer une économie sobre en carbone. L’Université Laval annonce avoir réduit l’empreinte carbone de son portefeuille d’actions de sa fondation de l’ordre de 42 %, surpassant les engagements pris à cet effet en 2019, lors de la Conférence des parties qui se tenait alors au Chili…
La justice climatique, l’éléphant dans la pièce ?
S’il faut certes se réjouir de ces avancées qui sont nécessaires et louables, elles m’apparaissent par ailleurs détourner une partie de l’attention d’un enjeu beaucoup plus important, qui a peu été abordé d’un point de vue institutionnel, celui de la justice climatique. Cet enjeu de justice climatique se décline de différentes façons. Le point de vue des générations, la contribution historique des pays à la problématique des changements climatiques, la capacité relative des pays à réduire leurs émissions et à s’adapter dans le contexte où le développement des pays dit développés s’est fait grandement à partir d’un modèle colonial sont différents angles selon lesquels on peut réfléchir à la justice climatique. En découlent des propositions de “recalcul” de la juste part des États comme le propose le Réseau Action Climat. Pour le Québec, par exemple, cela signifierait de rehausser les cibles globales à quelque 178 % de réduction des émissions, comprenant une partie de réductions domestiques et des réductions à l’échelle internationale mais soutenues par la province par un effort de coopération internationale (voir la juste part du Québec).
Quelle est la juste part des universités, de notre université?
De manière complémentaire à l’effort nécessaire de réduction, comment nos universités, ces établissements relativement privilégiés, peuvent-elles transposer ces inévitables réflexions de justice climatique ?
Cela passera nécessairement par le rehaussement des cibles institutionnelles, par le développement de projets porteurs (innovations sociales et technologiques) tant dans le domaine de la réduction des émissions et de la captation du carbone que de l’adaptation aux changements climatiques, qui sera cruciale. Cela passera aussi par la formation, par le biais d’un vaste ensemble de programmes et de disciplines. Mais cela ne devrait-il pas aussi passer par de l’accompagnement, de la formation et des recherches ciblées, à travers différents mécanismes de soutien, pour aider les personnes qui subissent le plus les conséquences des changements climatiques, qu’elles soient situées ici ou dans des pays en développement?
Alors que les principes d’équité, de diversité et d’inclusion ont été fortement intégrés dans nos établissement pour penser l’inclusion des personnes, pourraient-ils nous permettent de réfléchir à des enjeux planétaires comme les changements climatiques?