Une collaboration spéciale de Quinn Johnson à l’École branchée nous apprend que des « étudiants de l’Université Laval ont rédigé une Déclaration de principes à l’égard du droit à l’éducation au numérique pour éveiller à l’urgence de mieux préparer les jeunes (NDLR : et les moins jeunes comme moi) aux enjeux d’une société où le numérique croît de façon exponentielle. »
Cette Déclaration, produite à l’automne 2018 dans le cadre d’un séminaire-atelier sous la responsabilité de la professeure Thérèse Laferrière en sciences de l’éducation à l’Université Laval, a été soumise en avril 2019 à l’EDUsummIT2019 qui s’est tenu à Québec du 29 septembre au 2 octobre dernier.
La Déclaration fait état d’un contexte, identifie des avantages du numérique et s’attarde à présenter des enjeux actuels du numérique :
- enjeux
liés aux valeurs et droits universels
- enjeux liés à l’encadrement légal et réglementaire
- enjeux liés aux caractéristiques propres au numérique
- enjeux liés à l’accès et utilisation du numérique
- enjeux éthiques et moraux
Ces constats faits, la Déclaration affirme que l’éducation au numérique est un droit et qu’il inclut
- une alphabétisation à certaines technologies numériques ;
- le développement des connaissances à l’égard du phénomène des réseaux;
- le développement des connaissances à l’égard des possibilités et des défis liés aux technologies numériques ;
- une meilleure compréhension des modes d’accès à l’information disponible ;
- une meilleure compréhension des modes de création de contenus ;
- le développement d’une pensée critique.
Parmi les 6 suggestions pour parvenir à éduquer au numérique on retrouve celle-ci, qui concerne plus précisément le monde de l’éducation :
- Que le droit à l’éducation numérique fasse partie du référentiel des programmes de formation.
Les auteurs de la Déclaration terminent ainsi :
nous croyons également que les 12 principes de coélaboration des connaissances de Scarmadalia (2002) pourraient guider la définition de ce droit à l’éducation numérique. Dans le même esprit, ces 12 principes pourraient également soutenir l’appropriation et la mise en œuvre de ce droit par les communautés, et cela, sous quelques formes que ce soit.
Voici les 12 principes de Marlène Scarmadalia – chacun est cliquable et conduit à une définition et un indicateur.
- Le savoir, une propriété communautaire et une responsabilité collective
- La pratique de faire appel à des sources fiables
- La pratique de l’évaluation est constante
- La classe, un lieu de démocratisation du savoir
- L’élève et son agentivité (démarche épistémologique)
- Diversité des idées
- Idées perfectibles
- Omniprésence de l’approche
- Idées réelles, problèmes authentiques
- Élever le propos
- Le discours transformatif devenu routine
- Enseigner et apprendre, deux rôles complémentaires
Revenons à l’article de Quinn Johnson.
- On y lit tous les apprentissages réalisés lors du séminaire-atelier de l’automne 2018 qui ont conduit à la rédaction de la Déclaration.
- On suit les questionnements et les prises de conscience que les étudiants ont faits en tentant de cerner les enjeux générés par le numérique et le flagrant manque d’éducation aux médias pour les enfants, mais aussi pour les « grands » que nous sommes.
- On y trouve des hyperliens visant à cerner une possible définition du numérique et à sensibiliser à divers enjeux qu’il soulève.
Enfin, on y apprend les conclusions de la conférence EDUsummIT2019 en termes de stratégies et d’actions.
- Stratégies
- Créer un équilibre entre les occasions d’apprentissage et l’utilisation de protocoles dans l’éducation au cyber-bien-être;
- Créer une compréhension de la relation mutuelle entre la technologie et les humains; nous façonnons les technologies que nous utilisons et les technologies que nous utilisons nous façonnent.
- Actions
- Développer un consensus sur une définition du bien-être et du cyber-bien-être (au niveau social, psychologique, physique et cognitif)
[NDLE: notre emphase]; - Promouvoir la conscience de soi de la façon dont nous apprenons et sommes influencés par la technologie;
- Encourager les décideurs à intégrer efficacement le mieux-être (le volet « cyber » en faisant partie) dans tous les programmes;
- Fournir des lignes directrices afin que les parties prenantes puissent faire des choix éclairés en matière de cyber-bien-être;
- Développer et intégrer des communautés :
- pour fournir un soutien entre pairs en réponse aux problèmes qui se posent.
- des parties prenantes pour discuter et déterminer le bon usage de la technologie.
- Développer un consensus sur une définition du bien-être et du cyber-bien-être (au niveau social, psychologique, physique et cognitif)
La société est numérique et nous sommes toutes et tous conviés, voire contraints, à devenir des citoyens éthiques pour faire face aux enjeux de la transparence, de respect de la vie privée, de la sécurité et d’intégrité des personnes liées à la production exponentielle de données et à la manière dont elles sont collectées, gérées, produites, utilisées et diffusées.
Si l’éducation au numérique est un droit, elle est également un devoir sociétal et une responsabilité personnelle.
Merci à mon collègue Jean-Sébastien Dubé pour m’avoir transmis l’article de Johnson.
Sources
Johnson, Quinn. Vers un droit à l’éducation au numérique. École Branchée. 11 décembre 2019.
Scardamalia, M. (2002). Collective Cognitive Responsibility for the Advancement of Knowledge. In: B. Smith (ed.), Liberal Education in a Knowledge Society. Chicago: Open Court, pp. 67–98. Version originale anglaise disponible au URL http://ikit.org/fulltext/2002CollectiveCog.pdf. Traduction française par l’Équipe TACT disponible au URL https://telelearning-pds.org/doc_eer/kf_pedago/principes.html