Il fallait s’y attendre: la dimension virale de la notion de “flipped classroom” (classe inversée) finit par faire réagir.
Je signale à cet effet un court billet du blogueur Todd Pettigrew, professeur d’anglais à l’université du Cap Breton et collaborateur régulier à Macleans on Campus. Il y fait état de son agacement face aux arguments évoqués par les tenants de cette approche, déplorant la démonisation de l’enseignement magistral en faveur d’un découpage du contenu en capsules (tout autant magistrales) qu’on souhaite voir consultées par les étudiants à l’extérieur du temps de classe. Au final, il questionne la réelle valeur ajoutée d’une telle opération.
Comme professeur, il se positionne en réitérant la valeur d’un enseignement magistral où la communication se ferait bilatérale et où les étudiants seraient impliqués dans la discussion.
Good lecturing provides information but also context and perspective. Good lecturing allows for asking questions and considering answers—things that are best done live and in person — and the very things that flipped learning advocates are looking for.
Ce faisant, il propose un point de vue qui a suscité son lot de réactions de la part de ses lecteurs, plusieurs lui reprochant d’opposer l’enseignement des sciences humaines (qu’il cite en exemple) à l’enseignement des sciences, plus enclin soutient-il à positionner les étudiants comme auditeurs passifs. D’autres lui reprochent de faire exactement ce qu’il décrie dans le titre de son billet : proposer à ses étudiants des lectures préparatoires (en remplacement de capsules vidéo ou multimédias) pour préparer à ses cours en classe.
Reste qu’au-delà de la controverse qu’il a suscité, ce billet rappelle une réalité bien souvent occultée au moment où la blogosphère s’enflamme autour d’une nouvelle panacée pédagogique; les pratiques actuelles, aussi imparfaites soient-elles, sont rarement aussi homogènes qu’on veut bien nous les présenter.
Source: Todd Pettigrew, “Why I won’t flip my classroom“, Macleans on Campus, 22 août 2012