Il semble que #quitlit soit désormais un mot-clic sur Twitter. Il se dit de billets de blogue où des universitaires (professeurs ou chargés de cours) renoncent publiquement à la vie académique. La section Vitae du Chronicle of Higher Education a recensé une quarantaine de ces textes [dans un document Google Doc] depuis le milieu des années 2000. Ils se sont livrés à un petit exercice de classement non scientifique pour comprendre les motivations que ces auteurs utilisent pour justifier leur décision.
Les 5 catégories d’explications qui reviennent le plus souvent sont les suivantes (avec différentes raisons particulières).
- À cause du marché de l’emploi (difficulté à trouver, nécessité de déménager, salaires peu élevés)
- À cause du travail lui-même (faible autonomie, difficultés avec les collègues, recherche de financement)
- À cause du difficile équilibre travail-vie personnelle (famille, temps personnel, fatigue mentale)
- À cause de l’état du milieu universitaire (privatisation de la gestion, élitisme, faible préoccupation pour les étudiants)
- À cause de changements personnels (intérêts ont changé, besoin que le travail ait un impact plus large)
La journaliste Sydni Dunn, quant à elle, cherche à savoir pourquoi ils ont envie d’écrire à propos de leur décision. Elle en conclut qu’il y a quatre types de rédacteurs:
- ceux qui veulent s’expliquer: quitter un milieu privilégié est une décision rare qui mérite qu’on la justifie, parfois pour soi-même;
- ceux qui veulent dénoncer: certains sont en colère contre un département, une institution ou contre tout un système;
- ceux qui veulent dé-stigmatiser leur décision: le fait de quitter doit devenir normal et en parler brise le tabou;
- ceux qui ont été influencés par d’autres billets: à leur tour, ils veulent redonner au suivant.
Partant de l’un de ces textes, Rebecca Schuman parle du fait qu’il est encore rare de voir des professeurs de carrière (tenure track) abandonner la sécurité de leur poste, même si plusieurs se déclarent malheureux dans divers sondages. La transformation du milieu universitaire vers le modèle de l’entreprise privée est dénoncée.
Sources:
« What We Talk About When We Talk About Quitting », Vitae – The Chronicle of Higher Education, 12 décembre 2013
Dunn, Sydni, « Why So Many Academics Quit and Tell », Vitae – The Chronicle of Higher Education, 12 décembre 2013
Schuman, Rebecca, « “I Quit Academia,” an Important, Growing Subgenre of American Essays », Slate, 24 octobre 2013