Une équipe de chercheurs a tenté de distinguer la motivation de l’engagement, et de déterminer leurs influences l’un sur l’autre. Leurs résultats n’ont rien de surprenant, mais il est toujours utile de se faire confirmer nos hypothèses, intuitions ou observations par la recherche, question de ne pas se laisser prendre au jeu de nos biais personnels.
Leur revue de la littérature indique que la motivation désigne davantage ce qui se passe dans la tête d’une personne, alors que l’engagement désigne les comportements observables qui manifestent que la motivation se traduit en action. Il demeure néanmoins un certain chevauchement entre les concepts tant sur le plan théorique que dans certains aspects des découvertes expérimentales. Cependant, tant la motivation que l’engagement ont des dimensions multiples distinctes, ainsi que des opposés qui ont leurs propres dimensions. Ils sont résumés dans ce graphique créé par le chercheur Andrew Martin (le premier auteur de l’article).
Source : http://www.lifelongachievement.com/the-wheel-i7/
Sans surprise, les étudiants qui se situent du côté positif (adapté) du graphique réussissent mieux que ceux qui sont du côté négatif. De même, la recherche démontre ce qui nous semble logique au premier abord : en règle générale, la motivation mène à l’engagement positif. À son tour, l’engagement positif dans une tâche mène à des succès, ce qui entraîne la motivation dans les tâches futures. Il y a donc une dynamique cyclique.
Cependant, les auteurs reconnaissent que certains éléments du côté négatif de la roue peuvent dans certains cas avoir des effets positifs :
We also make the point that the Wheel’s demarcation into adaptive and maladaptive dimensions does not ignore the possibility of effects that may be counter to these demarcations. For example, anxiety (subsumed under maladaptive motivation) may trigger arousal or emotionality more than worry (see Liebert & Morris, 1967) and this can influence academic outcomes in a positive manner (Cassady & Johnson, 2002). On a related note, mastery orientation has been included in the Wheel whereas performance orientation has been excluded. Although there are cases where performance orientation can yield positive effects (e.g., Harackiewicz, Barron, Pintrich, Elliot, & Thrash, 2002; Midgley, Kaplan, & Middleton, 2001), mastery orientation has been included because it yields a body of evidence more consistently positive (Brophy, 2005).
Des facteurs socio-économiques et la réussite précédente, de même que l’âge et divers traits de personnalité sont associés à des tendances à adopter soit des éléments de motivation et d’engagement positifs, soit négatifs. Encore ici, il y a peu de surprise : par exemple, les personnes issues de milieux plus favorisés, ayant des traits de personnalité consciencieuse et ouverte aux nouvelles expériences ont plus de chances d’exprimer les aspects positifs, alors que les personnes ayant plutôt un profil moins favorisé socio-économiquement et des traits dit névrotiques ont plutôt tendance à se retrouver du côté négatif.
La principale idée proposée et démontrée par Martin et ses collègues est qu’il ne suffit pas de s’assurer que la motivation et l’engagement positifs soient au rendez-vous; s’il y a présence de motivation ou d’engagement négatifs, il y aura une résistance à leurs aspects positifs et ils devront spécifiquement être traités avant de penser pouvoir créer de la motivation et de l’engagement positifs. Ils sont aussi pu démontrer que malgré l’alignement entre les deux concepts, certains éléments les distinguent fortement.
Source
Martin, Andrew J., Ginns, Paul, & Papworth, Brad. (2017). Motivation and engagement: Same or different? Does it matter? Learning and Individual Differences, 55, 150-162. doi:https://doi.org/10.1016/j.lindif.2017.03.013