Le Programme actions concertées pour le maintien en emploi (PACME) créé par le gouvernement du Québec pour financer la formation du personnel pendant le confinement a connu un réel succès. Tellement que l’enveloppe de 100 millions $ a été dépensée en seulement deux mois. Le gouvernement a même dû ajouter 50 millions $ supplémentaires. Ce sont plus de 22 000 entreprises et plus de 127 000 travailleurs qui auraient bénéficié du PACME.
On peut donc dire que la Covid 19 aura fait bondir la demande en formation et ce n’est pas terminé, si on se réfère aux chiffres parus dans Le Devoir du 3 octobre dernier.
André Raymond, directeur général par intérim de la Direction générale de la formation continue de l’Université Laval, confiait constater une croissance des inscriptions dans les programmes courts crédités, soient des cours offerts dans des certificats ou des cours suivis à titre d’étudiant libre.
« À la faculté des sciences de l’administration, par exemple, on a observé une hausse d’environ 20 %, de 54 % au certificat en marketing et de 73 % en analyse des systèmes d’affaires, illustre-t-il. Les gens semblent donc vouloir acquérir des compétences spécifiques en lien avec la compréhension des systèmes d’affaires, la gestion de projet, les technologies de l’information. » [nos emphases]
Du côté de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal (FEP), on voit une croissance pour les programmes qui concernant l’innovation, la créativité et la rédaction professionnelle. Michel Janosz, doyen par intérim de la FEP, cite également une augmentation des inscriptions dans des programmes qui permettent de développer de l’expertise plus pointue, comme la gestion des services sociaux, l’intervention psychoéducative et les fondements pour les pratiques en santé mentale.
Pour lui, la popularité des programmes de formation continue qui développent des compétences spécifiques ou complémentaires est intimement liée à la santé de l’économie, pandémie ou non. « Lorsque l’accès à l’emploi est plus difficile, les gens cherchent à améliorer leur compétitivité et à acquérir des connaissances qui augmenteront leur valeur sur le marché, soutient-il. La pandémie n’est pas une crise économique à proprement dit, mais certains effets s’y apparentent, avec des nuances importantes. »
Est-ce que cette tendance perdurera dans le temps? Nul ne le sait. Toutefois, les pertes d’emplois dans certains secteurs laissent penser que plusieurs personnes auront envie de se réorienter.
« Le printemps dernier, les gens étaient en quarantaine, avaient perdu temporairement leur emploi, mais ce qu’on commence de plus en plus à voir, ce sont des cessations d’emploi permanentes, ce qui signifie que plusieurs travailleurs devront se requalifier, mentionne M. Raymond. Cela aura des impacts sur les formations plus techniques et, comme université, on doit être alerte pour répondre au problème de pénurie. »
Sources :
Martellini, Catherine, Le boom des formations continues, Le Devoir, 3 octobre 2020
Orfali, Philippe, Fin du programme d’aide à la formation de Québec, Le Journal de Montréal, 30 mai 2020