L’avenir sera numérique ou pas! Cette phrase fait écho à l’omniprésence du numérique dans notre vie, notre société, notre univers. Le blogueur Philippe Silberzahn considère que s’il faut préparer au numérique, encore faut-il savoir discriminer ce qu’il convient d’enseigner et avec quelle approche. Il relève quatre erreurs dont il faut se méfier.
- Erreur 1: Ce n’est pas parce que la révolution est numérique qu’il faut former par le numérique.
Selon Silberzahn, il faut garder contact avec le physique. Et de raconter comment le premier cours qu’il a donné dans le programme IDEA pour la formation d’innovateurs par le Design Thinking était un cours de dessin à la main. [I]l s’agissait d’un choix pédagogique. Pourquoi dessiner à la main? Parce que dans un monde de plus en plus digital, le contact avec la réalité physique se perd, les notions de distance, de taille et de rapport à la réalité deviennent plus difficile(sic). Il ajoute que dans le même ordre d’idée, la marine américaine a recommencé à former ses officiers à la carte et au compas.
- Erreur 2: Parce que la révolution est numérique il faut former au numérique.
Il faut absolument découvrir les outils numériques, s’y confronter, s’y familiariser. C’est en faisant qu’on apprend et qu’on arrivera à bâtir de raisonnement stratégique solide.
- Erreur 3: Tout l’univers devient numérique.
Pour l’auteur, bien sûr qu’il faut comprendre le « big data », mais il faut également garder en mémoire que toute l’information du monde n’est pas quantifiée et numérisée, loin s’en faut, et on ne peut pas comprendre le monde en restant rivé sur son écran et en cherchant avec Google. Dit autrement, tout ce qui est quantifiable et numérisable n’est pas pertinent, et tout ce qui est pertinent n’est pas quantifiable ni numérisable.
- Erreur 4: Penser que le numérique a tout inventé.
Le numérique permet de faire rapidement, très rapidement, ce qui se faisant avant. Pourquoi alors ne pas se servir de l’histoire pour revisiter des pratiques anciennes et les moderniser? On assisterait peut-être à des innovations… Sans une culture historique de base, on ne pourra pas correctement analyser la nature du phénomène et on s’expose à des catastrophes.
Silberzahn termine son article en rappelant que la technologie ne se développe jamais dans un vide sociétal. Il convie les concepteurs de formation à tenir compte de l’humain, des transformations que le numérique entraîne pour la société (les enjeux de la vie privée, par exemple), à viser la compréhension du monde dans lequel s’opère cette révolution du numérique.
Un cours de sociologie numérique serait-il populaire?
Source: Silberzahn, Philippe. Former à la transformation digitale : quatre erreurs fréquentes. Le blog de Philippe Silberzahn. 25 avril 2105.