Le 29 novembre 2018, l’EdJobTech Day de l’accélérateur de l’EM Lyon organisait avec EducPros une journée pour apporter un éclairage sur les évolutions des métiers. L’événement Apprentissage et employabilité demain : impacts et enjeux des nouvelles technologies visait à réunir l’enseignement supérieur, les entreprises et les gestionnaires des ressources humaines autour de l’innovation, de la technologie et des enjeux de la formation numérique. Comment appréhender les enjeux sociétaux de la révolution de l’éducation et de l’emploi ? Quelles solutions pour une technologie au service du déploiement des compétences de chaque individu ? Entrepreneurs, entreprises porteuses d’innovations, chercheurs, dirigeants d’entreprises et d’établissements de formation se sont penchés sur ces questions.
en dresse un compte-rendu sur letudiant.fr.
Devenir acteur de ses apprentissages
Yannig Raffenel, directeur éditorial et pédagogique de Starlings.io, filiale de la Maif, spécialisée dans la formation des salariés à la culture numérique, conseille d’éclairer les collaborateurs non seulement sur la nature des compétences attendues par l’entreprise mais aussi sur comment donner envie de se former et d’y investir une partie de leur temps personnel et professionnel. Il plaide également pour une approche de la formation par les flux : « Avant, les formations sortaient tout droit d’un catalogue. Il est impératif de sortir de cette approche pour adopter un modèle de formation permanente. »
Privilégier les compétences émotionnelles et relationnelles, la créativité et les compétences transversales
Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, Boris Sirbey, cofondateur de France Apprenante et du Lab RH souligne l’importance de se concentrer sur les émotions et la relation. Il insiste sur l’importance que « l’entreprise repense complètement ses méthodes de recrutement, de formation et de collaboration ».
« Demain, les avocats passeront plus de temps avec leurs clients qu’à consulter la jurisprudence, une activité prise en charge par l’intelligence artificielle. Les médecins passeront moins de temps dans le Vidal et davantage au service de leur patient, de leur vécu et leurs émotions », analyse Boris Sirbey.
Pour Boris Sirbey, être capable de comparer l’information et de décomposer une situation pour opérer une synthèse entre différentes sources de données va devenir un atout extrêmement précieux. « Être créatif dans un monde où tout bouge très vite permet de s’affranchir des processus existants, et, in fine, de gagner en réactivité. »
L’apprentissage par le faire
L’EM Lyon business school promeut le savoir devenir : « Ce qui est essentiel, c’est d’acquérir cette faculté d’apprendre à apprendre qui permettra aux futurs diplômés d’accroître leur capacité de résilience et d’adaptation, à se préparer à gérer l’incertitude. »
« Nous plaçons les étudiants dans une situation d’inconfort en les envoyant dans des environnements différents, en leur demandant de faire une enquête, d’analyser des données, de les restituer, d’en décrire les enjeux, et ce dès le programme de Bachelor. Il s’agit ici de mettre en évidence des compétences autres que la comptabilité ou la finance, mais bien une capacité à comprendre une situation et à la restituer. »
Priorité au décloisonnement et au mélange des genres
Pour Thierry Picq, directeur early makers development à l’EM Lyon business school, « [i]l y a nécessité d’apprendre tout le temps, en faisant appel à des méthodes plus informelles, dans des situations variées, par le jeu, par les autres et avec les autres […] C’est pourquoi nous avons opté pour une approche de l’éducation par les flux ». En ligne de mire : la construction de dispositifs d’apprentissage « réflexifs, hybrides, multiples, et permanents » .
Pour former des talents aptes à proposer des réponses innovantes aux défis du monde de demain, EM Lyon business school a notamment créé des fablabs. « On ne peut plus être assis dans une classe à écouter quelqu’un parler. Nous devons être des ingénieurs de mise en contexte. Il appartient à l’ingénierie pédagogique d’inventer de nouveaux dispositifs », explique Thierry Picq.
Source : Crouzillacq, Philippe, T. Picq (EM Lyon) : “La durée de vie d’une connaissance métier est passée de 25 à 4 ans”, EDUCPROS, 12 décembre 2018