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Apprentissage en réseaux : quelques tendances à surveiller (colloque AQPC)

Sous le thème « Enseigner et apprendre en réseaux », le 31e colloque de l’Association québécoise de pédagogie collégiale a confié la conférence d’ouverture à Thérèse Laferrière, professeure à la Faculté d’éducation de l’Université Laval et maître d’œuvre de multiples expériences d’apprentissage en réseaux, dans ses propres cours comme dans les classes de ses étudiants (notamment par le biais de PROTIC et du projet L’École éloignée en réseau).

Quelques faits saillants de sa conférence consacrée à la place grandissante de l’enseignement en réseaux :

1) Une terminologie encore changeante

La terminologie entourant les « réseaux d’apprentissage en ligne » reste à placer. Les formules sont émergentes, le vocabulaire est changeant… Attention donc de clarifier ce dont on parle.

2) Des grandes tendances observées en formation

  • La mobilité, la miniaturisation, l’accès généralisé à la technologie… en classe et ailleurs
  • La montée de l’apprentissage informel via les nouveaux médias et l’amenuisement de la frontière entre apprentissage formel (crédité) et informel
  • La prévision des observateurs de l’UNESCO d’une généralisation du e-learning qui irait de pair avec une « spécialisation » de l’enseignement en classe qui se verrait de plus en plus réservé au développement d’habiletés spécifiques
  • Une tendance lourde observée aux États-Unis : la personnalisation de l’apprentissage par le modèle des Personal Learning Environments (PLEs). Ceux-ci reposent sur l’idée de « décharger » le professeur de la transmission de contenus (l’étudiant pouvant se les approprier de façon autonome à l’aide des ressources mises à sa disposition) pour lui permettre de se concentrer sur le développement d’habiletés plus complexes. La conférencière a cependant souligné le réel danger de dérive de ce modèle où l’on escamoterait la place du professeur afin de réduire les coûts, ce qui équivaudrait à un retour du concept de « machine à enseigner ».

3) Le mandat des institutions d’enseignement supérieur

Ne pas perdre de vue que ces institutions doivent non seulement permettre l’accès à l’information, mais également l’accès aux communautés, qu’elles soient « apprenantes » ou « professionnelles ».

Quelques pistes d’intérêt

Parue le mois dernier, l’étude de Tony Bates et Albert Sangra documentant des stratégies d’intégration des technologies en enseignement supérieur. 11 cas d’institutions ont été documentés.

A. W. (Tony) Bates, Albert Sangrà (2011), Managing Technology in Higher Education: Strategies for Transforming Teaching and Learning, Jossey-Bass. 288 p. [NDE : Je l’ai suggéré pour achat à la Bibliothèque.]

Un rapport de l’UNESCO décrivant l’impact des technologies sur la définition des compétences liées à l’enseignement

UNESCO, ICT competency standards for teachers: competency standards modules, 2008.

Pour en savoir plus sur les Personal Learning Environments :

EDUCAUSE, 7 Things You Should Know About Personal Learning Environments

Les caractéristiques fondamentales de la formation à distance
Le coût d'une migration vers les nuages
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À propos de l'auteur

Catherine Vallières

1 commentaire

  • Dans mes propres lectures, le concept de Personnal Learning Environment (PLE) très souvent associé à un portfolio numérique d’apprentissage qui « complémente » sans le remplacer l’environnement numérique d’apprentissage (ENA, ex. Moodle), ce dernier étant contrôlé par le professeur. Il n’est pas toujours implicite que l’apprenant sélectionne ses propres buts pour implanter un PLE. La sélection des buts, des ressources et des moyens d’apprentissages sont autant d’axes de personnalisation possibles, et on voit des exemples où l’étudiant ne choisit que dans l’un des axes et pas les autres. Le danger de dérive mentionné par la conférencière est bien réel, car au-delà du piège de la machine à enseigner, il y a un autre piège qui est celui de l’auto-formation faiblement dirigée. De nombreuses études déconseillent l’auto-formation faiblement dirigée chez les novices, même si cela peut être bénéfique pour le perfectionnement de personnes ayant déjà un bon bagage. Les résultats ne sont tout simplement pas au même niveau que pour la formation plus structurée. Voir notamment l’article de Richard E. Mayer à ce sujet : Should there be a three-strikes rule against pure discovery learning? American Psychologist. Vol 54, No 1. January 2004. pp. 14-19.

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