Texte très intéressant de Marc Parry dans le Chronicle of Higher Ed d’hier (28 août 2011) à propos de la Southern New Hampshire University, une institution privée à but non-lucratif avec campus traditionnel (2 350 étudiants) dont les activités en ligne ont littéralement explosées en quelques années. Un exemple très évocateur des tensions entre campus physique (brick & mortar selon l’expression anglophone consacrée) et virtuel dans une université nouvellement bimodale.
En quatre ans, le College of Online and Continuing Education (COCE) de Southern New Hampshire University – sa composante virtuelle – est passé de 1 700 à 7 000 étudiants. Il génère des revenus de 73 millions $ US cette année en prévoit plus de 100 millions $ US l’an prochain. Pour l’année fiscale 2011, cela signifie une marge de profits de 41 %. Il s’est ainsi hissé juste derrière l’Université du Massachussetts comme institution offrant le plus de formation en ligne de la Nouvelle-Angleterre.
“They’re the first private nonprofit institution, with a traditional campus and traditional student body, that has really committed to scaling online,” says Richard Garrett, managing director at the consulting company Eduventures.
Pour le recteur Paul LeBlanc, les recettes de la formation en ligne permettent au volet traditionnel présentiel de l’Université Southern New Hampshire d’être « encore plus traditionnel » : les étudiants sur place bénéficient en effet d’une nouvelle salle à manger, d’une piscine olympique, d’aide financière et de très petites classes où enseignent surtout des professeurs de carrière.
Et les deux entités visent des clientèles essentiellement distinctes :
« At Southern New Hampshire, the registration system gives undergraduates the “last seats on the airplane” when it comes to online classes, Mr. LeBlanc says. The university doesn’t want to see an adult learner closed out of a section because a sophomore on the main campus has taken a spot. A continuing debate has been how much to open the online enrollment to traditional undergrads.
“It’s a little threatening,” Mr. LeBlanc says, because classroom professors might find that their face-to-face students prefer to study online. “You could find yourself overstaffed in your traditional program.” » [NDLR : mon emphase]
Parallèlement, la composante virtuelle de l’institution jouit d’un fonctionnement qui lui est propre. Au COCE de la Southern New Hampshire, comme dans plusieurs autres établissements, les fonctions traditionnelles de conception de cours et de prestation ont été scindées pour ce qui est de la formation en ligne. Ceux qui créent les cours en ligne ne les enseignent pas. Des tuteurs (adjunct professors) se voient remettre des gabarits de cours standardisés et participent aux forums, répondent aux questions et évaluent les travaux… pour 2 300 $ US par cours.
Mais ces changements ne se font pas sans heurts :
With so much online growth in the past five years, the changes have chafed some professors. There has been friction over control of faculty hiring and content in Web-based courses, as well as over which programs get put online. Some full-time professors have felt disconnected from the online operation, known as the College of Online and Continuing Education, or COCE. Some have worried about the quality of online courses, which are meant to mirror campus counterparts. And some professors worry about the future of their traditional campus… [NDLR : mes emphases]
Le recteur assure qu’il n’a pas l’intention de fermer le volet traditionnel de l’établissement, mais il s’est arrangé pour avoir les coudées franches dans la gestion du COCE :
Mr. LeBlanc negotiated a governance structure that gives the online outfit “elbow room” in its operations. The default is that any face-to-face program can be offered online. Faculty may object, but there is a deadline by which they must do so.
[…]“We ensured substantial faculty voice, but we removed faculty veto power,” Mr. LeBlanc says. At other institutions, he adds, “when faculty raise their voices vociferously, the initiative stops. And here, it can’t stop. It can’t be bogged down.” [NDLR: mon emphase]
En bref, la Southern New Hampshire University doit composer avec toutes les questions que posent l’apparition d’un campus virtuel. S’agit-il de l’université de l’avenir ? Le journaliste résume bien ces questions lorsqu’il écrit : « Southern New Hampshire’s deep dive into Web teaching raises many questions facing colleges migrating online: How big will e-learning get? What will that mean for campuses? How will it break apart the role of traditional professors? »
Source : Parry, Marc, « Online Venture Energizes Vulnerable College », The Chronicle of Higher Education, 28 août 2011