Un article, de type publireportage, publié dans le Journal de Sherbrooke du 3 octobre 2012, a rapidement attiré mon attention de par son titre : « Séminaire de Sherbrooke. Une pédagogie novatrice dans un milieu ultra-moderne et techno ».
Décrivant le virage très techno dont vient de se doter l’ordre secondaire du Séminaire, on peut notamment y lire que :
« Parmi les nouveautés, on retrouve un véritable studio d’enregistrement professionnel pour immortaliser sa propre musique, quatre salles informatiques dont une multimédia pour montage vidéo, une aile entièrement destinée à la robotique, des locaux d’arts dernier cri, de même qu’un 4e gymnase. »
On y fait aussi mention que le Séminaire de Sherbrooke envoie des élèves à la compétition internationale First Robotics et que leurs succès « s’y multiplient depuis des années, tout comme à l’Expo-Sciences. Par ce programme, les jeunes bénéficient donc de plus de temps et d’équipements pour ce type d’apprentissage. »
Évidemment, on peut penser que ce ne sont pas tous les élèves qui approfondiront ainsi leurs connaissances par des heures d’investissement personnel dans un studio d’enregistrement ou une salle multimédia pour montage vidéo, mais il reste que la disponibilité du matériel risque de stimuler certes un certain nombre d’intérêts, s’il n’y pas directement un travail à faire qui l’exige.
En pensant à toutes ces opportunités dès le secondaire, on en vient à se demander si les jeunes, du moins certains, n’arriveront pas presque trop bien préparés pour leurs études supérieures. Comment les professeurs à l’université pourront-ils suivre ces nouveaux apprentissages et répondre à des attentes plus élevées? Comment arrivera-t-on à faire progresser une classe dans un processus d’apprentissage si une disparité importante se crée entre ceux qui ont pu développer des connaissances préalables et d’autres non? Devrons-nous adapter le cursus de certains cours? Verrons-nous la création de classes « plus fortes » versus des classes plus « standards »?
Dans un souci de toujours se démarquer, la majorité des écoles essaient de développer des créneaux ou d’offrir du matériel de plus en plus à la fine pointe de la technologie. Or quand la démarcation commence dès le secondaire, on peut penser qu’elle deviendra possiblement très significative à l’université selon le collège que l’étudiante ou l’étudiant aura choisi entre les deux ordres.
Déjà, lors du changement du cursus du baccalauréat en génie électrique et en génie informatique dans une approche par projets (APP), des professeurs de cette faculté avaient constaté que ce qu’ils avaient l’habitude de demander à leurs précédents étudiants, ils pouvaient maintenant le faire une année plus tôt dans le programme. Et ce parce que l’approche pédagogique obligeait les étudiants à acquérir plus rapidement certaines connaissances et accéléraient leur apprentissage. On peut imaginer qu’appliquer cette approche plus tôt dans la formation scolaire risque de provoquer le même effet, augmentant d’autant le niveau de connaissances à aller chercher à l’université. Ce qui se faisait avant à la maîtrise peut maintenant s’envisager dès le baccalauréat pour certains programmes d’études qui fonctionnent en APP.
Ces questions restent entières et reviennent périodiquement : comment peut-on s’y préparer adéquatement? On attend que le constat soit officiel et plus généralisé à l’université ou on essaie de prévoir dans certains secteurs plus névralgiques comme l’informatique, le génie, les sciences en général et les communications…?
On se rappelle que le Séminaire de Sherbrooke fait partie en Estrie du Pôle universitaire au même titre que l’Université de Sherbrooke et l’Université Bishop’s. On dit ce pôle unique au Canada et inspiré d’un modèle européen qui a fait ses preuves.
Source : « Séminaire de Sherbrooke. Une pédagogie novatrice dans un milieu ultra-moderne et techno », dans le Journal de Sherbrooke, 3 octobre 2012, p. 39.
Je connais de très près le programme FIRST Robotics du Séminaire ainsi que bon nombre des élèves qui y participent depuis plusieurs années.
Et en effet, vous voyez juste… Préparez-vous à recevoir des élèves d’un calibre très élevé! Sur plusieurs aspects, certaines participantes et certains participants surpassent déjà des étudiantes et étudiants en cours de baccalauréat. Ils et elles discutent souvent d’égal à égal avec des mentors des milieux de pratique. Un projet passionnant pour les élèves (comme pour les adultes d’ailleurs!), mais qui soulève des questions pour nous aux études supérieures!
Je connais le projet FIRST, mais la question est bien sûr pertinente aussi pour les autres projets de haut niveau comme celui-ci.