Bien que plusieurs institutions d’enseignement supérieur se présentent comme inclusives, le mouvement Black Lives Matter amène certains groupes à se demander si elles instaurent réellement ce principe. Selon une lettre parue dans la revue Science en septembre dernier et comptant plus de 10 000 signataires provenant du milieu de l’éducation américain, certains domaines d’études, dont sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM), offrent un environnement de discrimination systémique.
Ce concept « peut être défini comme une forme de discrimination causée par un ensemble de faits tels que des politiques institutionnelles, des processus décisionnels, des comportements et des attitudes qui, souvent inconscients et anodins en apparence, produisent des effets d’exclusion. ».
En comparaison avec d’autres facultés, la diversité serait moindre dans les programmes de STIM. Peu représentées, les personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC) seraient désavantagées vis-à-vis leurs consœurs et confrères par la stigmatisation provenant des structures traditionnelles, par un enseignement sans réflexion culturelle et par l’inégalité des chances lors d’examens d’entrée tels que le GRE General Test aux États-Unis. D’après les signataires, les établissements d’études supérieures n’ont pas à choisir entre l’excellence scolaire et l’inclusion puisque cette dernière consiste en une valeur ajoutée.
Les recommandations de cette pétition visent à réduire, voire faire disparaître la discrimination systémique. Les signataires croient que les pédagogies novatrices doivent être favorisées, alors qu’une conception plus inclusive de la formation peut fortement influencer la réussite des communautés étudiantes non traditionnelles. Ils considèrent que la promotion de la diversité ne doit pas rester l’affaire des personnes ciblées mais être celle de tous les membres des communautés universitaires.
De ce côté-ci de la frontière, à l’Université d’Ottawa, la doctorante en sociologie Karine Coen-Sanchez organise des panels de discussion sur le thème du racisme systémique et institutionnel, idée qui sera reprise par l’Association canadienne de sociologie à travers le pays. Diverses universités du Québec, dont l’Université de Sherbrooke, encouragent les échanges à ce sujet.
Sources:
Barber, H. Hayes, T. Johnson, T. Márquez-Magaña, L. (2020). Systemic racism in higher education. Science. 369(6510), 1440-1441, doi: 10.1126/science.abd7140.
Bernard, R.E., Cooperdock, E.H.G. (2018). No progress on diversity in 40 years. Nature Geoscience 11, 292–295 (2018). doi: 10.1038/s41561-018-0116-6.
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. (2017). Racisme et discrimination systémique : un mot à dire.
Potvin, M. & Carr, P. R. (2008). La « valeur ajoutée » de l’éducation antiraciste : conceptualisation et mise en œuvre au Québec et en Ontario. Éducation et francophonie, 36 (1), 197–216. doi: 10.7202/018097ar.
uOttawa. (2020). Parlons du racisme systémique : une initiative étudiante pour amener le changement dans le monde universitaire.