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Le développement de la pensée critique des élèves passe obligatoirement par celui de leurs enseignants

Dans le site Web du Réseau d’information pour la réussite éducative, Véronique D’Amours publie le 9 mars 2011 un article intitulé Développer des pratiques critiques sur Internet. Elle y propose un dossier en quatre sections où ont collaboré quatre personnes très intéressées par cette problématique : les professeurs Patrick Giroux et  Mathieu Gagnon de même que les étudiantes Josiane Cornut et Stéphanie Lessard, tous de l’Université du Québec à Chicoutimi.

Les auteurs y expliquent d’abord l’importance réelle d’Internet dans la vie des jeunes en faisant référence à quelques recherches récentes. Par la suite, ils recensent dans les écrits traitant de l’esprit critique ce en quoi consiste l’exercice du jugement critique en regard de l’information. Dans la troisième section, ils résument « les résultats d’une recherche menée au Québec qui a exploré les compétences critiques des futurs enseignants afin d’illustrer le chemin à faire dans ce domaine ». Finalement, dans la quatrième section, ils proposent des références et des résumés de recherche qu’ils jugent pertinentes et susceptibles de contribuer à la réflexion du lecteur. On convient que l’ensemble devrait constituer un bon premier contact avec cette problématique.

Une étude comparative entre la France et le Québec démontre bien que les jeunes sont tout aussi branchés à un écran que ce dernier soit l’ordinateur de la maison, celui de leur ordinateur portable ou de leur téléphone cellulaire, la télévision, la console de jeux vidéos, etc. En 2010, le nombre hebdomadaire d’heures dépasse le huit heures par semaine et augmente encore davantage en veillissant.

De plus, le concept de la pensée critique est devenu une notion très à la mode sur laquelle se penchent de plus en plus de chercheurs depuis que l’UNESCO a décrété en 2006 la pensée critique « comme une compétence nécessaire afin de faire face avec efficacité aux défis du 21e siècle. Dans son rapport à l’UNESCO, Delors (2006: 47) souligne clairement que le développement de la pensée critique est essentiel pour favoriser “une véritable compréhension des évènements”, principalement dans le monde moderne où ceux-ci gagnent en complexité. »

C’est sans l’ombre d’un doute qu’on acquiesce qu’« Internet occupe donc une place de choix dans la vie des jeunes. Selon leur point de vue, Internet est un lieu privilégié pour communiquer, échanger, lire, partager… Les jeunes reconnaissent avoir besoin de formation dans ce domaine. Or, c’est sur les enseignants que repose le fardeau de créer des conditions qui permettront aux jeunes d’exercer leur pensée critique en regard d’Internet. Pour y arriver, les enseignants doivent eux-mêmes disposer des outils leur permettant d’adopter des conduites critiques et, comme on l’a présenté à la section précédente, ce n’est pas un processus simple. »

À ce propos, une « recherche exploratoire a été menée à l’UQAC. Elle avait comme objectif général d’étudier les pratiques critiques des futurs enseignants à l’égard d’Internet afin d’évaluer la situation locale. Une méthode prévoyant trois grandes étapes a été utilisée pour y arriver. D’abord, un groupe de futurs enseignants a été soumis à une tâche pratique de recherche et d’évaluation d’informations sur Internet. Le sujet de cette recherche (Barrières et facilitateurs de l’intégration des TIC à l’école) était imposé et il était fort peu probable qu’un des étudiants le maîtrise déjà. Des entrevues semi-dirigées ont ensuite été conduites afin d’identifier les principaux critères utilisés par les futurs enseignants pour juger l’information. Un questionnaire a finalement été élaboré à partir des résultats des entrevues. Il a été utilisé afin de recueillir rapidement de l’information concernant un grand nombre d’étudiants en éducation. »

Lors de cette étude exploratoire, les participants ont identifié 11 critères : (1) le ou les auteurs (expérience, métier, formation…), (2) l’institution qui chapeaute le site, (3) le type de site (ex. : blogue, wiki), (4) le type d’informations qu’on trouve sur le site (ex. : opinion, résultats de recherche), (5) la quantité d’informations disponibles, (6) la proximité ou le lien existant entre l’information repérée et l’objet de la recherche d’informations, (7) la présence de références ou d’hyperliens, (8) la situation ou l’origine géographique, (9) l’aspect visuel ou la présentation de l’information, (10) la date de publication ou de mise à jour et (11) la qualité de la langue. » Dans les fait, l’évaluation de la pertinence des sites repérés par les étudiants se concentrait selon un principal critère, soit  le lien existant entre l’information présentée et le sujet de la recherche. Comme autres arguments le plus souvent utilisés, on retrouve la pertinence de l’information et la quantité d’informations.

Bref, les auteurs conviennent que, très probablement, « les futurs enseignants ne disposent pas des outils leur permettant d’adopter des conduites critiques face à l’information disponible sur Internet. On peut par ailleurs aussi se demander ce qu’il en est des enseignants qui exercent dans le milieu depuis quelques années. « Est-ce pareil partout au pays et dans la province? Et comment faire pour mieux former les futurs enseignants? Quelles approches pédagogiques sont les plus adéquates pour s’exercer à mettre sa pensée critique en pratique? » Pour l’instant, les questions restent entières, mais feront sûrement l’objet d’autres études très bientôt.

Source : D’AMOURS, Vérionique. « Développer des pratiques critiques sur Internet » , publié dans Réseau d’information pour la réussite éducative le 9 mars 2011.

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Sylvie Hallé

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