Certaines universités britanniques (Winchester, Exeter, Birmingham, Kent and King’s College London) ont récemment commencé à offrir des diplômes en sciences humaines.
Dans l’article qu’il signe dans Times Higher Education du 11 octobre 2012, le professeur Nigel Tubbs, qui enseigne la pensée philosophique et éducationnelle au Département Education Studies and Liberal Arts, à l’Université de Winchester, dresse un historique très instructif de l’éducation, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.
Tubbs dénonce le fait que les formations soient de plus en plus orientées vers l’employabilité, qu’elles n’offrent plus beaucoup d’espace pour les grandes questions existentielles, les débats d’idées, la réflexion…
Il est dommage que Tubbs oppose ainsi les formations professionnalisantes et les formations en sciences humaines, comme si elles étaient mutuellement exclusives, comme si, pour lui, l’employabilité devait automatiquement donner accès à des emplois clairement identifiés : médecin, comptable, infirmier, ergothérapeute, ingénieur, notaire… L’employabilité ne peut-elle pas, ne devrait-elle pas plutôt se définir en termes de compétences qui permettront aux diplômés de s’insérer professionnellement avec succès?
Ce faisant, on comprend pourquoi Tubbs en est arrivé à mettre le mot inutile (useless) dans son titre. Pour lui, comme un diplôme en sciences humaines ne conduit pas directement à une profession, au sens des ordres professionnels, elles ne servent à rien. C’est d’un point de vue utilitariste, instrumentaliste, qu’il parle.
Les sciences humaines ne sont pas inutiles. Un diplôme en sciences humaines n’est pas inutile. Il faut recadrer le débat, sortir de cet antagonisme né de l’ère industrielle pour arriver dans le monde d’aujourd’hui, que le numérique a transformé et continue de transformer tous les jours. Et parler de valeur des sciences humaines!
On peut voir et entendre le professeur Tubbs vanter les mérites des études en sciences humaines dans un clip sur son site. Et il dit même à un moment (vers la 4e minute) que des études en sciences humaines permettent de chercher à comprendre le sens de la vie. Et ça serait inutile? Vraiment?
Source : Tubbs, Nigel, “The importance of being useless“, Times Higher Education, 11 octobre 2012.
* Prise 2 en raison d’un article précédent sur le même thème : La valeur des études en sciences humaines en cette ère de « professionnalisation »