Chantale Potvin, enseignante de français en 5e secondaire à la Cité étudiante Roberval et également écrivaine, écrit dans la section Forum de La Presse (Montréal) du lundi 17 octobre 2011, qu’il faut y penser à deux fois avant d’admettre ses élèves parmi ses « amis » de Facebook.
En effet, elle constate qu’il y a plusieurs problèmes de jugement de ses pairs qui mettent en ligne des photos ou des commentaires déplacés tout en ayant dans la liste de gens qui peuvent les voir ou les lire des élèves dont ils ont la responsabilité. Elle dénonce notamment un enseignant de 3e secondaire qui invite ses élèves à aller visiter un « extraordinaire site de poker en ligne », comme cet autre enseignant qu’on voit, « de toute évidence en état d’ébriété, baignant dans un spa, montrant à la caméra une dixième bière comme s’il avait tenu un trophée ». Dans ces cas, elle est outrée du manque de discernement dont ils ont fait preuve.
Par ailleurs, elle continue de croire à l’effet positif que ce média peut avoir. « L’enseignant qui utilise Facebook promouvoir un événement qui pourrait intéresser ses élèves a tout un pouvoir : lancement de livres, concours d’écriture, diffusion d’une émission ou d’un documentaire pertinent, bons coups et photos de certains jeunes, etc. C’est un cadeau idéal pour passer un message intelligent! »
Il importe donc que l’enseignant fasse une démarcation claire entre sa vie privée et sa vie professionnelle, car il encourt de sérieux problèmes s’il ne le fait pas dès le départ et correctement. Certains vont même jusqu’à dire que les enseignants ne devraient pas avoir de page Facebook pour éviter tout problème. Il faut tout au moins être très critique du contenu qu’on dépose, car même en mode privé une photo peut parcourir un chemin qu’on ne souhaiterait pas lui voir parcourir.
Pour aider à résoudre cette problématique, l’auteure suggère au ministère de l’Éducation ainsi qu’aux 80 000 directeurs d’écoles d’offrir une formation universitaire en matière d’éthique des médias sociaux aux nouveaux enseignants qui entrent sur le marché du travail.
Dans le cadre du baccalauréat en enseignement au secondaire à l’Université de Sherbrooke, un cours d’éthique professionnelle fait partie du cursus. Actuellement, dans le descriptif du cours, on ne mentionne pas directement les médias sociaux. Le baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire à l’UdeS inclut également un cours d’éthique, mais sans référence explicite aux médias sociaux et à leur gestion.
Source : POTVIN, Chantale. « Être ami avec ses élèves sur Facebook? », article publié dans la section Forum du journal La Presse (Montréal, du lundi 17 octobre 2011.