Vous avez sans doute déjà eu dans votre classe des personnes qui, par leurs questions et commentaires, prenaient plus de place qu’il ne se doit. Mais qu’en est-il de celles qui se sont retenues de vous poser des questions?… Évidemment, ce qui ne se manifeste pas reste invisible! Est-ce que l’enseignement en ligne pourrait être un mode d’interaction permettant aux timides de s’exprimer sans crainte ni remords?
L’article de Shavit nous donne un nouvel éclairage qui pourrait bien servir la cause de celles et ceux qui ont peur d’être mal perçus, de retarder le groupe ou d’être étiquetés pour le reste de la session. L’auteur se base sur une étude comparative récente réalisée dans une université danoise auprès de personnes étudiantes en médecine, pharmacologie et médecine vétérinaire. Les cohortes étudiantes étaient pour la plupart en comodalité, c’est-à-dire qu’une partie des personnes étudiantes était en présence et l’autre à distance.
Bien que les études comparatives ne me disent habituellement rien qui vaille, j’ai toutefois apprécié une de leurs conclusions que je me permets de nommer : le questionneur masqué!
Les chercheurs de cette étude danoise ont remarqué une hausse du questionnement de la part des participants en ligne. Le clavardage a été leur principal canal de communication. On y a observé des questions tant fondamentales que périphériques au sujet enseigné. On fait alors l’hypothèse que les personnes étudiantes qui participent à un cours en salle (souvent dans un large auditorium) perçoivent ce genre de rencontre comme une communication à sens unique et que toute question de leur part risque de perturber le déroulement de ce mode d’enseignement. À l’inverse, étant chacun chez soi, et pouvant placer une question en marge du discours de la personne enseignante, les personnes étudiantes n’ont pas l’impression de nuire à qui que ce soit. Si, en plus, une personne modératrice s’occupe d’acheminer systématiquement les questions, on peut penser que les personnes étudiantes à distance sont ainsi encouragées à poursuivre leur participation.
Je me permet alors cette question : est-ce que la distance aurait un effet positif sur la participation des personnes étudiantes? Si oui, nos questionneurs masqués pourraient laisser tomber leurs masques… et en ce temps de mesures sanitaires, on ne pourrait que s’en féliciter!
Source: Shavit, J.D., Surprising results in study comparing online to in-person student engagement, Brighter Side of News, 27 septembre 2021.
Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.