Un rapport rendu public en avril dernier par le réseau de l’Université du Québec dresse un portrait des programmes de courte durée ne menant pas à un grade universitaire (certificats, microprogrammes, diplômes ou autres). Il se veut une réponse à certains questionnements soulevés par le rapport Bissonnette et Porter quant à la place occupée par ces programmes dans l’offre de formation de l’ensemble des universités québécoises.
On relève cependant certaines inexactitudes dans les données colligées pour l’Université de Sherbrooke. Ainsi, bien qu’ils soient évoqués plus loin dans le texte (p. 17), le tableau synthèse ne fait pas mention de l’existence de microprogrammes et de diplômes de 3e cycle (p. 14). On n’y trouve pas non plus de référence aux diplômes de 2e cycle d’études spécialisées en médecine, présentés comme étant exclusifs à l’Université de Montréal.
Malgré ces réserves, le rapport présente un certain nombre de constats révélateurs quant au rôle joué par ces programmes:
- Ils occuperaient une place restreinte et stable (particulièrement au 1er cycle) dans l’offre de formation du réseau universitaire. On constate d’ailleurs que leur développement n’a pas affecté la popularité des programmes de grade.
- Ils seraient présents dans toutes les universités québécoises, y compris dans les établissements anglophones. Cette répartition leur permettrait de rejoindre une clientèle répartie sur l’ensemble du territoire québécois et d’offrir des formations mieux adaptées aux réalités locales.
- Ils répondraient aux nouvelles réalités socioprofessionnelles en permettant à leur clientèle de compléter une formation universitaire antérieure ou d’actualiser leurs compétences professionnelles.
- Ils favoriseraient l’accessibilité aux études universitaires en ouvrant la porte à un cheminement par étapes et en permettant de mieux concilier les exigences d’une formation universitaire à la réalité de la clientèle visée. Ils amèneraient également un nombre non négligeable d’étudiants à poursuivre en s’inscrivant à un programme de grade (plus de 3600 étudiants entre 2007 et 2011).
- Ils seraient régis par des structures et processus universitaires permettant d’assurer la qualité de la formation offerte.
On y trouve également un certain nombre de recommandations destinées à la direction des établissements du réseau des UQ:
- Développer un référentiel partagé afin d’élaborer une vision commune des finalités de chacun des types de programmes;
- Envisager l’octroi d’un grade de 2e cycle pour les diplômes, considérant que plusieurs programmes de maîtrise ontariens offrent des formations équivalentes à celles des diplômes de 2e cycle offerts dans les universités québécoises;
- Recenser les meilleures pratiques en matière de mécanismes d’assurance qualité au Québec et au Canada afin de mettre en place un processus d’assurance qualité pour encadrer davantage les programmes courts;
- Compiler des données pour mieux documenter le cheminement des étudiants (durée des études, persévérance) inscrits à ces programmes ainsi que l’insertion professionnelle des diplômés.
Une série de fiches d’information ont également été produites à partir des données recueillies, chacune portant sur un mythe entretenu à l’égard de tels programmes. Bien que l’analyse soit fortement teintée par la réalité du réseau des UQ et malgré certaines réserves quant à la fiabilité des données colligées pour chacun des établissements, ces fiches présentent un certain nombre de constats qui méritent d’être soulignés.
Fiche # 2: Le modèle ontarien
Mythe: L’offre de “programmes courts” (PCC) constitue une spécificité québécoise. On ne retrouve pas un tel phénomène dans les autres provinces canadiennes.
La fiche compare la situation prévalant au Québec et en Ontario à cet égard.
Fiche # 3: L’offre de programmes courts
Mythe: Les programmes courts connaissent une forte croissance de leur clientèle, ce qui nuit à l’accessibilité aux programmes de grade.
Or, les données révèlent que:
- Les inscriptions sont stables depuis une dizaine d’années.
- Au 1er cycle – Les inscriptions dans les PCC sont désormais en décroissance.
- Au 2e cycle – Il y a croissance des inscriptions, tant dans les PCC qu’à la maîtrise.
- Au 3e cycle – La présence des PCC demeure un phénomène marginal.
Fiche # 4: Leur présence dans l’ensemble du réseau universitaire
Mythe: Les “programmes courts” sont un phénomène que l’on retrouve uniquement dans les établissements francophones.
Bien qu’elles ne soient pas fidèles en ce qui concerne la situation de l’Université de Sherbrooke, les données révèlent que:
- Au 1er cycle – La proportion d’étudiants inscrits dans un PCC varie grandement entre établissements francophones (30%) et anglophones (5%).
- Au 1er cycle -Établissements ayant les plus fortes proportions d’étudiants inscrits dans les PCC : TÉLUQ (73%), HEC (66%) et UQAT (54%).
- Au 2e cycle – La fréquentation des PCC n’est pas liée au caractère francophone (36%) ou anglophone (27%) d’un établissement
- Au 2e cycle – Établissements ayant les plus fortes proportions d’étudiants inscrits dans les PCC : TÉLUQ (86%), UQAT (59%), HEC (54%), UdeS (46%) et ENAP (41%).
Fiche 5: Des programmes qui mènent à un diplôme de grade
Mythe: Les “programmes courts” détournent des étudiants qui autrement se seraient inscrits dans des programmes de grade.
Les données révèlent pourtant que:
- Les PCC accueillent des étudiants en moyenne plus âgés que ceux des programmes de grade.
- Les PCC de 1er cycle accueillent davantage d’étudiants sur une base adulte que des programmes de grade.
- Les PCC accueillent davantage d’étudiants à temps partiel ou déjà détenteurs d’un diplôme universitaire que les programmes de grade.
- Les PCC apportent une plus-value aux diplômés sur le marché du travail.
Fiche 6 : Un accès aux études universitaires
Mythe: Les “programmes courts” constituent une voie de garage puisqu’ils ne mènent pas à un grade.
Or, les données révèlent que:
- Les PCC de 1er cycle favorisent l’accès aux études universitaires des étudiants de première génération.
- Les PCC facilitent l’accès des étudiants qui entretiennent un rapport non traditionnel aux études.
- Les PCC offrent une formation sur mesure pour répondre aux besoins des communautés locales.
- Le quart des diplômés d’un PCC de 1er ou de 2e cycle poursuivent leur formation dans un programme de baccalauréat ou de maîtrise.
Fiche 7: L’évaluation de la qualité de ces programmes
Mythe: Les “programmes courts” ne font l’objet d’aucune évaluation de leur qualité.
Pourtant, les données révèlent que:
- Le développement des PCC est encadré par des règles et des mécanismes institutionnels qui visent à assurer leur pertinence et leur qualité.
- Tous les cours des PCC sont soumis aux mêmes processus d’évaluation des enseignements que les programmes de grade.
- Plusieurs cours sont communs aux PCC et aux programmes de grade..
- Bien qu’ils soient exemptés de la Politique d’évaluation périodique, plusieurs éléments des PCC sont soumis à des processus d’évaluation rigoureux.
Source: Rôles et usages des programmes de courte durée et des programmes constitutifs de grade : à la mesure des besoins de formation universitaire de l’ensemble de la société québécoise. Québec, Université du Québec, 2014. 78 p.