Cycles supérieurs Pédagogique Point chaud / en émergence

Charge contre l’Université inc.

Eric Martin  et Maxime Ouellet, les auteurs de Université inc. (paru le 20 octobre 2011 dernier) font aujourd’hui, 26 octobre 2011, paraître une lettre ouverte dans Le Devoir où ils dénoncent les récentes prises de position du recteur Guy Breton de l’Université de Montréal, de Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec, du président de l’AUCC [Paul Davidson, président de l’Association des universités et collèges du Canada], etc. qui prônent des rapprochements entre le monde universitaire et celui des affaires.

Ils ne croient pas au sous-financement des universités dans la mesure où l’entreprise privée y investit de plus en plus : « L’université de l’enseignement crie famine; mais l’université de la recherche qui répond aux besoins «d’innovation» commercialisable des entreprises est de plus en plus financée. » S’ils s’inquiètent de la sous-traitance par les entreprises de « leur fonction de recherche et développement (R&D) vers les universités » ( « …[E]n 2000, les universités effectuaient 28 % de la R&D au Canada. En 2008, elles en réalisaient 38 %… »), ils en ont aussi contre la marchandisation du savoir et le détournement des études à des fins purement utilitaristes :

« La «financiarisation» de l’éducation ne se limite pas à la production de brevets, mais comprend également les étudiants qui devront subir une augmentation marquée des droits de scolarité. Les revenus que les universités tireront de cette hausse n’iront vraisemblablement pas à améliorer la qualité de l’enseignement, mais serviront plutôt à financer la reconversion commerciale de l’institution. La hausse des droits de scolarité et l’augmentation de l’endettement qui lui est inhérent se légitiment à partir de l’idéologie voulant que l’éducation consiste en un «investissement en capital humain». Or, cette conception marchande de l’éducation risque de mener, selon le magazine The Economist, à l’éclatement d’une nouvelle bulle spéculative, celle de l’éducation supérieure, en raison de l’augmentation massive d’étudiants qui ne sont pas en mesure de rembourser leurs dettes. »

On peut se demander sur quelle base les auteurs affirment que l’augmentation des frais de scolarité n’améliorera pas l’enseignement.  La lettre, autrement bien documentée, donne envie de lire le livre.  Mais n’était-ce pas le but de l’opération ?

Source :

Martin, Éric et Ouellet, Maxime, « Économie du savoir – L’université n’est pas une entreprise », Le Devoir, 26 octobre 2011.

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Jean-Sébastien Dubé

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