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Plus humain, moins techno!

S’il y a une autre maladie en voie de surclasser la pandémie actuelle, c’est bien la “technofolie”! C’est ma collègue Sonia Morin qui m’a récemment mis sur cette piste en me référant l’article de Louis-Étienne Dubois. Ce dernier nous met en garde contre notre nouvelle tendance à placer toutes nos attentes d’enseignante et d’enseignant dans la florissante panoplie de solutions technopédagogiques.

Évitez la “technofolie
Il existe toutes sortes d’applications informatiques pour toutes sortes de bonnes et de moins bonnes raisons. Si nous sommes souvent dépassés à l’idée d’ajouter une nouvelle plateforme à son enseignement, sachez qu’il en est tout autant pour votre auditoire. Vos étudiantes et étudiants doivent investir temps et efforts pour s’y adapter ou même pour y avoir accès. Certains n’ont pas de connexion internet suffisante, ou ne bénéficient pas d’équipement et d’espace physique adaptés aux nouvelles réalités de l’apprentissage en ligne. Restez zen, pensez petit, simple et… humain!

Optez pour une approche plus humaine
L’éloge de la lenteur a fait l’objet de bien des discours, mais qu’en est-il lorsqu’on enseigne à distance? Dubois propose d’inclure une activité où prendre son temps ajoute à l’expérience. Par exemple, on peut proposer la visite virtuelle d’un coin de la planète associé à l’un de vos thèmes ou à l’un des auteurs dont vous utilisez le matériel. Laissez votre auditoire visiter ces endroits où il fait bon ralentir.

La visite d’un musée, une expérience dans laquelle les gens déambulent, s’assoient sur un banc et se perdent dans leurs pensées en est un exemple. 

Que l’activité soit en lien direct ou non avec votre cours, pourquoi ne pas tabler sur cet élément distrayant pour relancer vos étudiantes et étudiants sur le lien qu’ils font avec le sujet du cours. Leurs réponses pourront vous surprendre tant par leur justesse que par la réflexion qu’elles vous inspireront.

Ajoutez des éléments de décor!
Ambiance musicale à l’accueil des participants, décor champêtre ou inusité pour provoquer des sourires et des commentaires joyeux… sont tous de bons exemples pour changer de décor. Dubois suggère aussi d’ouvrir ou de laisser ouvertes les salles de rencontre virtuelle pour créer une sorte de vestibule ou de sas de la classe. Pour vous reposer les yeux, la baladodiffusion pourrait aussi vous permettre de solliciter d’autres parties du cerveau de vos étudiantes et étudiants.

Peu importe ce que vous retiendrez afin d’ajouter de la couleur humaine à votre enseignement, faites-le en respect de l’espace d’expérience des personnes à qui vous vous adressez. Parce qu’au fond, chaque outil technologique n’est ni plus ni moins que l’extension de nos sens. Pourquoi ne pas donner du sens à la technologie?

Source : DUBOIS, Louis-Étienne, Formation à distance : évitez de sombrer dans la « technofolie »!, Affaires universitaires, 15 janvier 2021.

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Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.

À propos de l'auteur

Daniel Genest

Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.

1 commentaire

  • Merci pour cet article, qui résonne avec beaucoup d’observations que je fais en écoutant les collègues professeurs et personnes chargées de cours, et en tentant de les aiguiller vers des choix technopédagogiques judicieux!

    Depuis bien avant la pandémie (mais encore plus récemment), je partage la conviction qu’à travers toute l’effervescence que suscitent les appareillages technopédagogiques, on peut se perdre, perdre l’essentiel dans notre enseignement, son sens, la profondeur et la mise en perspective des sujets abordés. On peut perdre de vue l’importance de la relation avec les personnes étudiantes et entre les personnes étudiantes. On peut aussi facilement perdre de vue l’importance de l’expérience globale de la personne étudiante en développement qui a choisi de fréquenter l’université autant pour ses retombées formelles que pour tout ce qu’elle apporte dans l’informel en termes de relations interpersonnelles, de développement de soi et de réflexions citoyennes que ce soit à l’intérieur de la salle de cours, dans le corridor ou à la cafétéria.

    Bien sûr, pour quelques personnes formatrices, une réaction forte face aux technologies, assortie d’un discours déplorant l’inefficacité de la formation à distance ou la technofolie, peut cacher leur vertige compréhensible face aux adaptations importantes qu’il faut prendre le temps de réaliser afin de bien utiliser les outils technopédagogiques au service de l’apprentissage. Soutenir, en enseignement à distance, le développement de compétences riches est un exercice qui ne va pas de soi, sur le plan de l’organisation pédagogique encore plus que sur celui de la maîtrise des outils. Aussi, pour d’autres, la technofolie semble s’emparer d’eux alors qu’ils cherchent désespérément de meilleures solutions ou qu’ils tombent sous le charme de discours alléchants entourant souvent les outils technopédagogiques. On constate alors tout l’essoufflement que la surenchère de dispositifs technologiques entraîne non seulement pour les personnes formatrices, mais aussi pour les personnes étudiantes, à plus forte raison quand les outils changent complètement d’une semaine à l’autre et d’un cours à l’autre ou ne laisse aucun temps pour la présence à soi, aux autres, et aux réflexions plus en profondeur.

    À mon sens, la majorité des cours peuvent proposer des expériences de grande qualité quand on utilise un outil de webconférence avec salles de petits groupes, des lectures et capsules vidéo simples déposées dans l’ENA pour transmettre le contenu à priori, ainsi que quelques fonctions de l’ENA pour le dépôt des travaux écrits ou vidéo et pour des forums. Qui a dit que le journal réflexif ou la carte conceptuelle ne pouvait pas être rédigé sur papier, puis photographié et remis dans l’ENA ensuite? Qui a dit que tous les travaux devaient être réalisés dans des documents collaboratifs avec multimédia incrusté? Gardons-nous du temps pour discuter, dans des sous-groupes où tous peuvent être vus et entendus, ainsi qu’avant et après les rencontres. Gardons-nous du temps pour se plonger dans des situations authentiques et donner des rétroactions personnalisées, peut-être sous forme d’audio sans prétention. En ralentissant, en se concentrant sur l’essentiel et en étant bienveillants avec soi-même et à l’écoute des personnes étudiantes, retrouvons le sens et le plaisir des activités d’enseignement-apprentissage!

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