Tendances sociétales

Surqualification des diplômés à Montréal: des chiffres accablants

Selon une étude des économistes Brahim Boudarbat et Claude Montmarquette du CIRANO31,5% des salariés de la région montréalaise seraient surqualifiés pour les emplois qu’ils occupent.  “Cette proportion est légèrement plus élevée qu’à Toronto (29,2%) ou Vancouver (29,3%)”, mais…

“L’étude utilise seulement les données relatives aux diplômés des écoles du Québec et du reste du Canada. Autrement dit, elle ne tient pas compte des immigrants de première génération formés à l’étranger, dont les diplômes ne sont souvent pas reconnus.” [quel serait le pourcentage si l’on tenait compte de ceux-ci?]

Francis Vailles, journaliste qui signe un article de La presse à ce sujet, en ajoute:

“Toujours selon l’étude, 13% des diplômés universitaires (baccalauréat, maîtrise, doctorat) occupent un emploi qui ne requiert qu’un diplôme du secondaire. Ouch!”

L’article donne aussi des taux de surqualification selon les domaines d’études:

Sciences physiques 27,1%

Math. et statistiques 29,9%

Philosophie et religion 40,8%

Histoire 49,0%

Sciences sociales 52,7%

Arts et sciences 58,5%

Vailles se place apparemment dans une perspective où l’on ne fait des études que pour dénicher un emploi: “[P]resque un employé sur trois a reçu une formation qui lui est peu ou pas utile, que ce soit au cégep, à l’université, au secondaire ou dans une école de métier.” [notre emphase; l’utilité correspondant ici uniquement à trouver un emploi relatif au domaine d’études]

“Plusieurs études le confirment: la correspondance formation-emploi augmente la satisfaction et le bien-être des travailleurs et le niveau de leurs salaires. Pour les entreprises, elle diminue le taux de roulement et les besoins de formation et augmente la productivité.”

Certaines des conclusions auxquelles parvient le journaliste susciteront sans doute des débats:

“[Ces] résultats renforcent les analyses du gouvernement fédéral au dernier budget, selon qui il faut mieux arrimer la formation au marché du travail dans le contexte appréhendé de pénurie de main-d’oeuvre.”

[…]

“…[C]e n’est pas à l’État de dicter les choix des individus. En cette matière, l’État n’est pas un bon prédicateur des emplois d’avenir. Toutefois, les politiques gouvernementales ne doivent pas encourager la surqualification. À cet égard, financer les universités en fonction du nombre d’étudiants, par exemple, les incite probablement à attirer trop d’étudiants dans un trop grand nombre de secteurs peu en demande.”

Source: Vailles, Francis, “Serveuse surqualifiée cherche job en histoire”, lapresse.ca, 11 avril 2013

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Jean-Sébastien Dubé

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