Jean-Hugues Roy, professeur au programme de journalisme de l’École des médias de l’UQAM et membre du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie, a réalisé une analyse sur les thèses et mémoires publiés au Québec qui se veut une mise à jour de l’analyse de 2016 intitulée Combien de pages pour une maîtrise ou un doctorat? Alors qu’en 2016 le nombre de documents était de 55 583 (pour une période de 27 ans), en 2020, il était de 86 796 (pour une période de 21 ans).
En gros, le nombre de pages d’un mémoire est passé de 133,3 à 127,4 (6 pages plus court) et pour la thèse de 251,3 à 245,6 (également 6 pages en moins), ce qui fait dire à M. Roy que les productions de fin d’études dans les programmes de type recherche raccourcissent… légèrement.
Les mémoires
L’analyse révèle que [b]on an, mal an, plus de 900 maîtrises de moins de 100 pages sont publiées au Québec. Deux mémoires se sont distingués par leur brièveté de 19 pages chacun :
- Adherence to follow-up in first-episode psychosis: ethnicity factors and case manager perceptions par Katharina Nikolitch (maîtrise en psychiatrie, McGill, 2017)
- The local covering problem: producing and certifying local coverings par Jim van der Valk Bouman (maîtrise en mathématique, Université Concordia, 2020)
À l’autre bout du continuum on trouve le plus long mémoire : 722 pages, dont près de 450 pages de photos et croquis; il a permis à Sarah Lambert d’obtenir une maîtrise en archéologie (Université Laval, 2014) .
Selon l’analyse de Roy, les mémoires les plus longs se retrouvent dans les domaines suivants : tourisme, didactique, sciences infirmières, aménagement et urbanisme et ressources humaines alors que les plus courts ont été en arts visuels, en économie, en finance, en chirurgie et en neuroscience.
Les thèses
La médaille d’or pour la plus longue thèse revient à Stephen Allan Rogers : pour son doctorat en musique à l’Université McGill, il a déposé en 2013 un document de 1926 pages intitulé Ersilias: form, movement and multiplicity in the composition of place.
Les données de Roy révèlent que les thèses les plus longues sont en histoire de l’art, en droit, en histoire, en tourisme et en anthropologie, alors que les plus courtes sont en mathématique, en économie, en génie informatique, en sciences forestières et en psychologie.
De l’aveu même de Roy, cette analyse ne vise qu’à répondre à la question, angoissante, mais toute simple, que plusieurs étudiant-e-s se posent avant d’entamer la rédaction de leur mémoire ou de leur thèse : combien de pages ont écrit celles et ceux qui m’ont précédé-e?
En réalité, les longs documents comprennent souvent de volumineuses annexes. À l’inverse, des documents très courts sont parfois des textes explicatifs pour la création d’une oeuvre. À cet effet, l’article comprend des remarques méthodologiques du chercheur qui sont très instructives.
Chaque discipline a son genre discursif et il est à prévoir que l’écriture numérique (insertion d’hyperliens, d’images, de vidéos…) aura un impact sur le format des mémoires et des thèses et qu’il sera de plus en plus difficile de compter un nombre de pages… La transformation est probablement déjà en marche.
Source
Roy, Jean-Hugues. Les thèses et mémoires au Québec raccourcissent… ACFAS Magazine. 14 avril 2021.