Je découvre Actulligence.com [sic pour le titre-valise douteux…], blogue de Frédéric Martinet, veilleur dont j’avais déjà consulté certains textes. Cette fois-ci, j’ai été intrigué par son billet intitulé « La curation c’est de la merde », publié le 8 avril 2011. Outre le titre provocateur, il a le mérite d’adresser une critique qui me semble assez juste (quoique virulente) à cette tendance Web du moment. Il le fait dans un argumentaire en cinq points. Pour lui…
1) Les plateformes de curation et l’acte de curation en lui même n’apportent rien : pas d’analyse, donc peu de valeur-ajoutée.
2) La curation constitue une atteinte au droit d’auteur parce que les plateformes de curation recopient sans citer.
3) Les plateformes de curation favorisent le parasitisme économique en détournant le traffic Web des sites originaux.
4) Favoriser la curation, pour nous les enfants du web, c’est être inconscient parce que cela contribue à accentuer l’infobésité (copies de copies).
5) La curation c’est noyer l’information, cela contribue davantage au référencement du « curateur » et éloigne d’autant le lecteur des auteurs des textes originaux.
D’autre part, dans « Intelligence économique et veille : avenir et devenir » (22 mars 2011), un texte précédent qui semble avoir suscité beaucoup de réactions dans le milieu de la veille en France, Martinet présente ce qu’il croit être l’avenir de sa profession. Il souhaite voir la veille « attachée à créer de la valeur », (enfin) « structurée », « financée », « reconnue » et finalement « ravivée ». Il déplore notamment le manque de veilleurs « information researchers » [NDLR : en anglais dans le texte] qui mettent la main à la « pâte » et qui connaissent les outils techniques. Bien que le contexte soit très franco-français (et résolument tourné vers le monde des affaires), cela m’a semblé une lecture intéressante – incluant quelques uns des nombreux commentaires – pour qui s’intéresse à ce petit monde… interlope.
Plusieurs technopeds que je suis sur Twitter se sont mis à la curation récemment. J’ai toujours trouvé que c’était une façon un peu paresseuse de se faire du capital sur le web, même si je présume que le but n’est pas nécessairement toujours auto-promotionnel. Ça peut être aussi une façon de faire une pierre deux coups en accumulant des liens que l’on trouve intéressants pour soi-même, que l’on partage en bonus. Mais bof… C’est comme si on tentait de « rebrander » le partage de signets en faisant croire que c’est plus qu’une version plus sexy de Delicious. Et pourtant, ça n’est que ça.
Un “Ted Talk” d’Eli Pariser évoque le sujet des filtres et des silos qui en découlent en ligne:
http://www.ted.com/talks/eli_pariser_beware_online_filter_bubbles.html